Partie 2 : La révolution humaine. Chapitre 15
« La foi pour surmonter les obstacles » [15.7]
15.7 Les obstacles nous permettent de polir nos vies
En soulignant que les épreuves et les obstacles nous permettent de polir notre vie, Daisaku Ikeda explique que les situations qui nous perturbent nous aident en fait à manifester notre bouddhéité.
Les difficultés nous donnent l’occasion de polir notre vie.
Dans l’un de ses écrits, Nichiren emploie la comparaison suivante : « Vous devez être pareil à la montagne dorée contre laquelle se frotte le sanglier sauvage […]. » (Écrits, 776)
On pourrait résumer ainsi l’histoire à laquelle il est fait ici allusion : un sanglier s’approcha d’une montagne dorée. Mais voir briller cette montagne avec tant d’éclat lui déplut, et il tenta de la ternir en se frottant contre elle avec ses poils drus. Il le fit sans se ménager. Que se passa-t-il alors ? Plus le sanglier frottait avec force, plus la montagne brillait.
Cette histoire apparaît dans le Traité de la grande perfection de sagesse et dans La Grande Concentration et Pénétration.
Nichiren y fait référence pour nous faire comprendre que plus les pratiquants du Sûtra du Lotus rencontrent d’obstacles, plus leur vie brille avec éclat.
Les obstacles en question sont « les trois obstacles et les quatre démons1 ». Nous ne pouvons pas atteindre l’illumination sans lutter contre eux. Nous ne pouvons pas devenir bouddhas sans traverser des difficultés et les surmonter – de même qu’il est impossible d’obtenir un diplôme universitaire sans passer d’examen.
« Ce monde est le domaine du roi-démon du sixième ciel2 », écrit Nichiren (Écrits, 498). C’est pour cela que les personnes de bien sont harcelées, tandis que les personnes mauvaises peuvent agir à leur guise. Kosen rufu est un mouvement qui vise à transformer fondamentalement cette situation où les valeurs sont inversées.
Briller avec toujours plus d’éclat à mesure que nous rencontrons des obstacles – voilà une façon d’être qui offre aussi une leçon importante du point de vue des relations humaines.
Une organisation est un rassemblement d’individus de toutes sortes. Il peut y avoir des personnes avec lesquelles il n’est pas facile de travailler. Ou encore, le comportement de certains peut parfois franchement nous agacer ou nous troubler. Mais cela nous permet de faire briller la montagne dorée de notre vie.
Si, dans notre existence, nous avions avec tout le monde des relations parfaites, nous ne pourrions pas nous développer. Agir ensemble aux côtés de personnes avec lesquelles nous ne nous entendons pas bien est une façon de polir notre « montagne dorée ».
Il est vrai que nous n’avons pas toujours un comportement à la hauteur de nos aspirations. Comment pouvons-nous nous attendre alors à ce que les autres se comportent comme nous le souhaiterions ? S’agacer à chaque fois du moindre petit incident n’améliore en rien la situation et ne change pas l’autre. Il faut parfois simplement se contenter de soupirer en se disant : « Eh bien, cette personne est comme ça, voilà tout », et l’accepter avec bienveillance, telle qu’elle est.
Nichiren écrit : « Il est dit dans le cinquième volume de La Grande Concentration et Pénétration [de Tiantai] : “[…] [Cela est comparable] à la mer qui recueille les cours d’eau les plus variés, au feu qui s’élève quand on y ajoute des bûches […]”. » (Écrits, 776)
Tiantai entendait expliquer par là que la mer est vaste parce que bien des cours d’eau différents viennent s’y jeter et qu’elle les accepte tous.
Si la mer rejetait telle ou telle rivière, elle ne serait pas aussi profonde et étendue. Si nous rejetons ou évitons les personnes que nous n’apprécions pas, nous ne pouvons pas développer un soi aussi vaste et expansif qu’un océan.
Tiantai dit aussi que, plus on ajoute des bûches à un feu, plus celui-ci brûle avec intensité.
Les bûches du malheur font s’élever les flammes du bonheur. C’est précisément parce que nous traversons des épreuves que nous pouvons ressentir de la joie. Le bouddhisme enseigne que les souffrances qui découlent des désirs terrestres mènent à l’illumination. Nos problèmes peuvent conduire à notre développement. C’est pour cela que le bonheur pur ou permanent n’existe pas.
Nichiren va même jusqu’à dire que Hei no Saemon-no-jo et d’autres individus qui l’avaient persécuté sont ses « amis de bien » et ses « meilleurs alliés » (cf. Écrits, 776 et 777). Ce sont ceux qui nous rendent la vie dure qui, plus que quiconque, nous aident à atteindre la bouddhéité.
Extrait d’un discours prononcé à une réunion des représentantes du département des femmes, Tokyo, le 25 janvier 1998
La sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.
- *1Les trois obstacles et les quatre démons : divers obstacles et entraves à la pratique du bouddhisme. Les trois obstacles sont (1) l’obstacle des désirs terrestres, (2) l’obstacle du karma et (3) l’obstacle de la rétribution. Les quatre démons sont (1) l’entrave des cinq composants, (2) l’entrave des désirs terrestres, (3) l’entrave de la mort, et (4) l’entrave du roi-démon.
- *2Roi-démon du sixième ciel : aussi appelé roi-démon ou démon du ciel. Roi des démons qui réside dans le plus élevé des six cieux du monde du désir. Il est également connu sous le nom de « roi-démon du ciel où l’on jouit librement du fruit des efforts des autres », le roi qui exploite ouvertement le fruit des efforts d’autrui pour son propre plaisir. Avec d’innombrables laquais à son service, il s’applique à entraver la pratique bouddhique et prend plaisir à miner la force vitale des autres êtres, ce qui dépeint la manifestation de l’obscurité fondamentale inhérente à la vie. Le roi-démon est la personnification de la tendance négative consistant à forcer les autres à agir en fonction de ses propres intérêts, quoi qu’il en coûte.