Volume 30 : Chapitre 6, Serment 101–110
Serment 101
Le soir du 18 février, 1 500 jeunes membres participèrent avec enthousiasme au 11e festival culturel de la jeunesse pour la paix mondiale, au théâtre Coliseo, à Buenos Aires. Ce festival, qui était un événement officiel soutenu par la municipalité, avait pour thème « Une mélodie de l’espoir dans le pays de l’harmonie entre les peuples ».
Le secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali, envoya un message de félicitations, et de nombreux dirigeants de la société argentine y assistèrent, notamment l’ancien président de la République, Arturo Frondizi, le maire de Buenos Aires et les présidents des universités nationales de Córdoba, Lomas de Zamora, et La Matanza. Des représentants d’organisations de la SGI de dix pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud figuraient aussi parmi les participants.
Visiblement ému, l’un des invités dit : « La majorité des Argentins ont des ancêtres originaires de divers pays européens, ce qui a pu provoquer parfois des tensions. Beaucoup parmi eux ont conservé un lien fort avec leur pays d’origine et n’ont pas, par conséquent, le sentiment d’être véritablement argentins. Le terme “pays de l’harmonie entre les peuples”, qui constitue le thème de ce festival, exprime notre souhait sincère. »
Cet invité indiquait par là combien l’harmonie illustrée par ce festival culturel l’avait touché et inspiré.
Un autre invité nota l’importance que la SGI accordait à former des citoyens du monde, et fit remarquer que c’était précisément ce qui était nécessaire à notre époque.
Sur la scène, le décor représentait un avion, exprimant l’idée que l’Argentine décollait pour un voyage vers la paix mondiale pour toute l’humanité.
Le festival s’ouvrit sur une chorégraphie avec des drapeaux, suivie par le groupe des Fifres et Tambours, puis par une chorale et des danses énergiques – interprétées par des jeunes femmes et jeunes hommes appelés à prendre la responsabilité de l’avenir. Six artistes du théâtre Colón de Buenos Aires, l’un des plus grands théâtres du monde, exécutèrent ensuite une danse magnifique et inspirante.
Vint ensuite le sommet du festival : deux grands maîtres du tango argentin, Osvaldo Pugliese et Mariano Mores, offrirent ensemble une remarquable prestation musicale.
Les spectateurs n’en croyaient pas leurs yeux. Ils avaient la chance d’assister à ce que l’on pouvait à coup sûr qualifier d’événement hors du commun. Un véritable duo de rêve. C’était d’autant plus exceptionnel que Pugliese avait donné son dernier concert en novembre 1989, après une carrière de pianiste et de compositeur étendue sur soixante-dix années, et que l’on disait qu’il ne se produirait plus jamais sur scène.
Shin’ichi était profondément reconnaissant envers ces artistes de renom pour la générosité dont ils avaient fait preuve.
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Le 15 février, trois jours avant le 11e festival culturel de la jeunesse pour la paix mondiale, Mariano Mores se rendit au théâtre Coliseo à Buenos Aires, où le festival devait se dérouler, et il s’adressa alors aux membres de la SGI-Argentine qui préparaient l’événement : « Le 18, jour du festival, correspond à mon anniversaire, leur dit-il, mais je ne vais pas organiser de fête. À la place, je jouerai pour le président Yamamoto et pour chacun de vous. »
Lorsque M. Mores fut informé de l’organisation de ce festival, il trouva l’idée enthousiasmante et exprima son souhait d’apporter sa contribution de toutes les manières possibles, notamment en jouant lui-même.
Shin’ichi avait rencontré M. Mores et son épouse, Myrna, en avril 1988, lorsque l’artiste était venu au Japon pour une tournée organisée par l’Association des concerts Min-On, affiliée à la Soka Gakkai. En cette occasion, M. Mores avait déclaré qu’il aimerait un jour composer une musique dédiée à Shin’ichi. À son tour, Shin’ichi fit part de son souhait de planter un cerisier en un lieu doté d’une vue magnifique sur le mont Fuji, en l’honneur du fils de M. et Mme Mores, Nito, décédé quatre ans auparavant.
Quelque temps plus tard, M. Mores offrit en effet à Shin’ichi une composition musicale intitulée Ahora (Maintenant).
Osvaldo Pugliese était lui aussi venu au Japon en 1989 pour sa tournée d’adieu, également invité par l’Association des concerts Min-On. En cette occasion, Shin’ichi l’avait rencontré pour la première fois avec son épouse, Lidia. Au cours de leur conversation, M. Pugliese avait fait part de son désir d’écrire un tango pour Shin’ichi. Fidèle à sa promesse, il composa par la suite une œuvre intitulée Tokio Luminoso (Tokyo éclatante), qu’il offrit à Shin’ichi, qui lui suggéra d’ajouter comme sous-titre « Ode à l’amitié ».
Le 16 février, au lendemain de la visite de M. Mores, M. Pugliese se rendit à son tour au théâtre Coliseo avec son orchestre pour une répétition, en vue du festival de la jeunesse. Tous les instruments avaient été apportés sur place, y compris le piano à queue préféré du maestro, et ce dernier, âgé de 87 ans, entreprit de pousser le piano pour le mettre lui-même en place. Les membres de la SGI-Argentine en furent tous profondément étonnés. Ils ne s’attendaient pas à ce que le plus grand artiste de tango d’Amérique latine participe à une répétition, encore moins à ce qu’il essaie de déplacer lui-même son piano !
Osvaldo Pugliese et Mariano Mores avaient ainsi répondu chacun à leur façon à l’amitié de Shin’ichi. Ils avaient sincèrement soutenu le festival des jeunes en faveur de la paix, et offert un soutien et une coopération inébranlables.
Cultiver l’amitié unit les êtres humains. La paix est un autre nom pour désigner l’amitié.
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Osvaldo Pugliese et Mariano Mores, les deux maîtres du tango argentin, firent le bonheur de tous les participants du festival culturel de la jeunesse pour la paix, avec leur admirable prestation commune.
Profondément touché par les différents numéros du festival, Shin’ichi Yamamoto applaudit avec enthousiasme pour exprimer ses encouragements et ses éloges. Il écrivit aussi un poème afin de célébrer l’événement :
Le ciel comme la terre
se réjouissent
face à ce festival culturel
– les divinités célestes d’Argentine
dansent de joie.
Le lendemain après-midi, 19 février, eut lieu la première réunion générale de la SGI-Argentine dans la banlieue de Buenos Aires. En plus des 2 500 pratiquants venus de toute l’Argentine, des membres de trois pays d’Amérique latine et d’Espagne étaient également présents.
En cette occasion, la plus ancienne université d’Argentine, l’université nationale de Córdoba, remit à Shin’ichi le titre de docteur honoris causa.
Parmi les raisons évoquées pour l’attribution de ce titre, le recteur Francisco Delich cita les efforts de Shin’ichi visant à établir et à répandre un « nouvel humanisme », montrant ainsi qu’il est possible pour les pays d’Asie et d’Occident de s’unir dans l’harmonie. Le recteur déclara : « Cela nous enseigne que l’humanité peut surmonter les conflits qui naissent des différences culturelles et religieuses, et que nous pouvons forger des liens d’amitié qui dépassent les contraintes imposées par la géographie, la distance et l’époque. Ce profond message universel de paix et d’amitié transcende les frontières nationales, mais aussi celles qui se créent dans notre esprit, en raison des limites dues à notre ignorance. Voilà un message qui unit l’humanité tout entière. »
Au cours de la réunion générale, il y eut aussi des spectacles de musique et de danses folkloriques pour souhaiter la bienvenue à Shin’ichi en Argentine. Accompagnés par les guitares et le pas cadencé des danseurs, les chants et danses créèrent une atmosphère enthousiaste et énergique. Les membres exprimaient de tout leur cœur la joie que leur procurait cette rencontre tant attendue avec Shin’ichi, vingt-neuf ans après la création du chapitre Argentine.
Avant et après la réunion, Shin’ichi posa avec les organisateurs de la réunion et divers groupes pour des photos commémoratives, en encourageant toutes les personnes présentes. Les jeunes et les enfants qu’il rencontra et encouragea au cours de cette visite devinrent des personnes de premier plan dans leur pays au XXIe siècle.
Les encouragements sont la force motrice de l’essor et du développement.
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Shin’ichi Yamamoto poursuivit son voyage pour la paix.
Le 20 février 1993, il quitta l’Argentine pour le Paraguay, l’étape suivante de ses voyages destinés à ouvrir de nouveaux horizons pour kosen rufu. C’était sa première visite dans ce pays d’Amérique du Sud. Il découvrit un pays magnifique, riche de ses forêts et de ses cours d’eau. Le fleuve Paraguay et de nombreuses autres rivières y coulent et nourrissent les champs et les vies humaines.
Le maire d’Asunción, la capitale du Paraguay, accueillit Shin’ichi à l’aéroport et lui offrit une plaque portant l’emblème de la ville.
Le lendemain, 21 février, Shin’ichi participa à la première réunion générale de la SGI-Paraguay avec 700 membres qui s’étaient réunis au centre bouddhique du pays, ainsi qu’à la « Soirée de l’amitié », célébrant le 32e anniversaire du mouvement de kosen rufu au Paraguay. Comme toujours, Shin’ichi entreprit d’abord d’encourager les enfants.
« Je suis si heureux de vous voir ici, leur dit-il. Quand vous serez plus grands, venez donc au Japon. Je vous y accueillerai ! »
À la réunion générale, Shin’ichi cita les noms des pionniers et fit l’éloge de leurs efforts. Il lut aussi à voix haute le nom des organisations locales : d’abord, le district Amambay1, puis les chapitres du pays – Santa Rosa, Encarnación, Yguazú, Asunción –, et il remercia leurs membres pour leurs magnifiques efforts.
Le mouvement de kosen rufu au Paraguay avait été fondé par des immigrants japonais, qui avaient dû faire face à des épreuves inimaginables en s’installant dans leur nouveau pays.
Bien que peu nombreux, tous les membres de la SGI-Paraguay, sans exception, en commençant par les immigrants japonais, avaient déployé des efforts incessants au fil des ans pour créer de solides liens de confiance dans toute la société.
Quand fut organisée l’« Exposition artistique des garçons et des filles » à Asunción, en 1990 (soutenue conjointement par la SGI et par le ministère de l’Éducation et de la Culture du Paraguay), le président de la République du Paraguay, Andrés Rodríguez, s’y rendit.
Et, à l’occasion de la visite de Shin’ichi dans le pays, la poste centrale du Paraguay avait décidé d’estampiller tous les envois postaux avec un cachet spécial « SGI », pendant toute la durée de son séjour. Dans la résolution officielle annonçant cette décision, il était indiqué que la SGI, organisation vouée à la création de valeurs, était également une ONG reconnue officiellement par les Nations unies, dont les activités sont tournées vers la réalisation de ces objectifs fondamentaux : promouvoir la paix dans le monde, la compréhension entre les peuples et le respect de la culture. La résolution déclarait, en outre, que, lors de sa visite, le président de la SGI allait recevoir des « marques d’estime et d’amitié de la part du Gouvernement du pays et d’institutions officielles ».
Cette reconnaissance de la SGI était le résultat des efforts constants des membres pour apporter des contributions à la société.
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Lors de la première réunion générale de la SGI-Paraguay, Shin’ichi Yamamoto déclara : « Les fonctions protectrices de l’univers veillent toujours sur ceux qui font preuve de courage ! »
Puis, soulignant l’importance de se dresser par soi-même, il ajouta : « Ce n’est pas le nombre qui compte. Il suffit d’une seule personne qui se dresse avec sérieux. Elle pourra alors répandre le bonheur dans son entourage et transformer positivement son environnement. Pour cela, le point essentiel consiste à réciter Daimoku et à passer à l’action, avec une ferme détermination. »
Grâce au soleil de la foi qui brille dans leur vie, les membres de la SGI ne cessent d’illuminer leurs proches et leur environnement avec la grande lumière de l’espoir et de la revitalisation, et d’établir des cercles d’harmonie humaine fondés sur l’amitié et les encouragements. C’est la voie certaine qui mène à la réalisation de kosen rufu, et qui donne toute sa signification au mouvement pionnier de la SGI.
En ayant à cœur que les membres restent toujours engagés dans leur pratique bouddhique et ne laissent jamais la flamme de leur foi s’éteindre, Shin’ichi leur lança cet appel : « Ne vous laissez pas ballotter par les hauts et les bas de l’existence. Dans votre vie, adoptez une vision à long terme et poursuivez calmement votre marche en avant.
« En ce qui concerne vos enfants, leur travail, c’est d’étudier. Faire de l’école et de leurs études leur priorité, tout en apprenant les bases de la foi, est pour eux la façon de mettre le bouddhisme en pratique dans leur vie.
« Bien que transmettre notre foi à la prochaine génération soit important, c’est aux jeunes eux-mêmes qu’il incombe de choisir leur religion. En tant qu’adultes, enseignez-leur et montrez-leur, par votre exemple, qu’en récitant avec ardeur Nam-myoho-renge-kyo on peut surmonter n’importe quel problème. Ne vous inquiétez pas outre mesure, et laissez-les grandir à leur manière, selon le rythme qui est le leur. »
Les pratiquants laissèrent exploser leur joie à l’occasion de la « Soirée de l’amitié ». Une chorale de femmes et une chorale d’enfants emplirent la salle de leurs chants enthousiastes, puis d’autres membres interprétèrent la traditionnelle danza de la botella (danse de la bouteille) du Paraguay, au son d’une musique rythmée.
Le guitariste de renommée mondiale, Cayo Sila Godoy, un ami de la SGI, joua aussi un morceau qu’il avait composé spécialement pour l’occasion, intitulé Fantasia Japonesa (Fantaisie japonaise).
Les jeunes membres du groupe de musique et des Fifres et Tambours interprétèrent avec fierté le Chant de la SGI du Paraguay, qui avait été créé dans les tout débuts du mouvement dans le pays. C’était un chant porteur de souvenirs inoubliables pour de nombreux membres.
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Shin’ichi Yamamoto avait prévu de se rendre au Brésil en 1974. Mais des malentendus et des préjugés envers la Soka Gakkai au sein de la société brésilienne l’avaient empêché d’obtenir un visa, et il fut finalement contraint d’annuler son voyage.
Le groupe de musique de la SGI-Paraguay, qui espérait en cette occasion jouer pour Shin’ichi afin de transmettre l’esprit des membres paraguayens, avait voulu lui aussi se rendre au Brésil. Malheureusement, il se vit également refuser l’entrée dans le pays, mais les musiciens purent se rendre en car jusqu’aux chutes d’Iguazú, une destination touristique célèbre, située près de la frontière brésilienne.
« Jouons ici ! » décidèrent-ils. « Nos cœurs toucheront à coup sûr celui de Sensei ! »
Ils jouèrent en se donnant corps et âme, avec une force égale au fracas étourdissant des chutes d’eau.
Dix ans plus tard, en 1984, Shin’ichi eut enfin la possibilité de se rendre au Brésil pour la première fois depuis dix-huit ans. Les membres de la SGI-Paraguay qui vinrent pour l’occasion, le cœur en fête, chantèrent avec enthousiasme pour lui le Chant de la SGI du Paraguay :
Le frémissement du vent fait ondoyer les arbres,
la terre est rouge,
et nous marchons à travers les bois
– le visage suant dans l’effort, nos amis nous rejoignent
et ensemble nous ouvrons la voie vers une société
nouvelle2.
Lorsqu’ils eurent fini de chanter, Shin’ichi dit : « Quel chant magnifique ! Je sens toute votre détermination. Je ne manquerai pas de venir un jour au Paraguay. »
Neuf années s’étaient écoulées depuis, et le jour tant attendu de la visite de Shin’ichi était enfin arrivé.
Lors de la « Soirée de l’amitié », Shin’ichi applaudit de tout cœur les prestations musicales du groupe de musique et des Fifres et Tambours. « Merci ! dit-il. Vos cœurs et le mien battent au même rythme.
« Au XXIe siècle, j’espère que vous, les jeunes, perpétuerez l’héritage reçu de nos membres pionniers et que vous vous élancerez dans le ciel de votre mission. J’aimerais que vous me dépassiez par vos réalisations. Alors, le courant de kosen rufu sera aussi puissant que celui d’un fleuve majestueux qui nourrit le monde entier. » Le 22 février, Shin’ichi rendit visite au président de la République du Paraguay, Andrés Rodríguez, dans son palais présidentiel, et lui offrit un long poème intitulé Le courant du grand fleuve du peuple.
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Après sa rencontre avec le président du Paraguay, Shin’ichi se rendit au ministère des Affaires étrangères pour y recevoir officiellement l’ordre national du mérite au grade de grand-croix. Dans son allocution, le ministre des Affaires étrangères évoqua les activités de Shin’ichi en faveur de la paix, en disant : « Vos efforts pour la paix, fondés sur votre conviction que seuls les dialogues sincères peuvent faire disparaître la discrimination et établir une paix durable et une compréhension mutuelle à l’échelle mondiale, sont un modèle pour l’humanité. »
Plus tard, dans la journée du 22 février, Shin’ichi assista à une cérémonie à l’université nationale d’Asunción, où il reçut un doctorat honoris causa de la faculté de philosophie.
Le lendemain, 23 février, il mit le cap sur l’étape suivante de son voyage, le Chili.
Il offrit aux membres du Paraguay un poème :
Vos cieux, votre terre,
vos fleuves majestueux aussi,
rappellent la terre de bouddha.
Mes chers amis boddhisattvas surgis de la Terre,
je ne vous oublierai jamais.
Lorsque l’avion survola la Cordillère des Andes, on pouvait voir en bas les sommets enneigés reflétant la lumière dorée du soleil couchant.
Le Chili était le cinquantième pays que Shin’ichi allait visiter. Chacune de ses visites dans tous ces pays du monde représentait un combat de tous les instants pour kosen rufu, un voyage au cours duquel il luttait sans ménager sa peine pour ouvrir une nouvelle page d’Histoire.
Le jour du Nouvel An 1952, l’année qui suivit sa nomination en tant que deuxième président de la Soka Gakkai, Josei Toda écrivit un poème : « Maintenant, lançons-nous dans notre voyage, / le cœur intrépide / pour répandre la Loi merveilleuse / jusqu’aux confins / de l’Inde. » Et, dix jours environ avant son décès, il avait appelé Shin’ichi à son chevet pour lui raconter son rêve de voyage au Mexique.
« Ils attendaient tous. Tous, dit-il en rassemblant le peu de force qui lui restait pour parler. Ils cherchaient le bouddhisme de Nichiren. Je veux partir – voyager partout dans le monde pour kosen rufu… »
« Le monde est ta véritable scène », poursuivit Toda, avant de lancer cet appel à Shin’ichi : « Tu dois vivre le plus longtemps possible et voyager sur toute la planète. »
Toda souhaitait le bonheur de toute l’humanité et la réalisation du kosen rufu mondial, mais il ne put voyager lui-même en dehors du Japon. Shin’ichi grava les mots de Toda au plus profond de sa vie comme s’il s’agissait des dernières volontés de son maître et parcourut le monde en son nom pour apporter le bouddhisme du soleil aux êtres humains, partout où il allait.
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Shin’ichi Yamamoto est devenu officiellement le troisième président de la Soka Gakkai le 3 mai 1960, à peine plus de deux ans après le décès de son maître, Josei Toda. Cinq mois plus tard, le 2 octobre, il effectua son premier voyage à l’étranger.
Lorsqu’il parvint à sa première destination, Hawaï, personne ne l’attendait à l’aéroport. Les membres, qui avaient prévu d’être là, avaient manqué le rendez-vous en raison d’un problème de communication. Lors de certains de ses voyages, Shin’ichi était tombé gravement malade et avait souffert de fortes fièvres. Et parfois, dans certains pays, à cause de malentendus sur la nature de la Soka Gakkai, ses efforts pour encourager les pratiquants s’effectuaient sous la surveillance des autorités.
Shin’ichi voyagea dans des pays d’Amérique, d’Asie, d’Europe, du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Océanie, tant il souhaitait le bonheur de tous les peuples.
Il effectua également de nombreuses visites dans des pays communistes, jetant ainsi les ponts de l’amitié et des échanges culturels.
Pour réaliser le vœu de Nichiren, le kosen rufu mondial, il se consacra entièrement à parcourir le monde afin de semer les graines de la paix et du bonheur, les graines de la Loi merveilleuse. C’était un voyage fondé sur la relation de maître et disciple où sans cesse il poursuivait son dialogue intérieur avec son maître, Josei Toda.
Et, cette fois, il se rendait donc au Chili. Sa cinquantième destination.
Il composa un poème dans son cœur :
En survolant
les sommets enneigés des Andes
couronnés par la magnifique lumière dorée
du soleil couchant,
je déclare, « J’ai remporté la victoire ! »
La Lune, en forme de croissant, se mit à briller au-dessus des montagnes, Vénus scintilla de tout son éclat, et d’innombrables étoiles commencèrent à luire dans le ciel. Shin’ichi avait le sentiment que toutes les divinités célestes se réjouissaient.
Le 24 février, au lendemain de son arrivée au Chili, il reçut un certificat le désignant comme un « visiteur prestigieux », à l’hôtel de ville de Santiago, la capitale du pays. La résolution adoptée pour conférer cet honneur qualifiait sa visite d’« occasion privilégiée de renforcer la compréhension entre les peuples du Chili et du Japon, et de consolider les liens d’amitié, qui rendent possible le partage des valeurs humaines fondamentales ».
Après la cérémonie, Shin’ichi visita le centre bouddhique de Santiago et participa à la première réunion générale de la SGI-Chili. Les membres éprouvèrent une joie profonde en le voyant. Ils sentaient que le Chili sortait d’un long hiver d’incertitudes économiques et de violations des droits humains, perpétrées par la dictature militaire, et que le printemps de l’espoir était arrivé.
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En 1973, il y eut un coup d’État militaire à Santiago. Des avions de l’armée survolèrent la ville, et les tanks et les troupes envahirent les rues. La Soka Gakkai au Chili avait pour responsables principaux les membres d’un couple dont la maison fut atteinte par des tirs de mitrailleuses durant les combats. Le premier étage fut criblé de balles, mais le couple, qui était resté au rez-de-chaussée, où le Gohonzon était enchâssé, en sortit indemne.
Préoccupés par la sécurité de leurs amis pratiquants, ces responsables partirent immédiatement à la rencontre de chacun d’eux, en sillonnant la ville jour après jour, malgré l’instauration de la loi martiale. Comme tout rassemblement était désormais interdit, ils tinrent des « dialogues familiaux » informels sur le bouddhisme dans chaque foyer où ils se rendaient.
Durant encore de nombreuses années après cet événement, les réunions ne purent se dérouler qu’avec l’aval des autorités, et uniquement au centre bouddhique. Pour autant, les membres ne perdirent pas espoir. Ils entreprirent même de faire comprendre la grandeur du mouvement pour la paix de la SGI aux officiers de police qui venaient surveiller leurs réunions.
Après avoir décrit la situation de l’époque à Shin’ichi, un des pratiquants chiliens dit : « Les présidents Makiguchi et Toda ont lutté tous deux courageusement pour kosen rufu au Japon pendant la guerre, sous la surveillance de la “police de la pensée”. Et vous n’avez jamais cessé de nous envoyer régulièrement des encouragements chaleureux qui nous ont insufflé du courage. Le fait de savoir que vous étiez au courant de ce que nous vivions ici nous a donné de la force. »
Avec leur maître présent dans leur cœur, les membres chiliens s’étaient consacrés avec énergie à kosen rufu. Parce qu’il était toujours avec eux, ils demeurèrent invaincus.
Ce ne fut qu’après le retour de la démocratie au Chili, environ trois années plus tôt, que chaque chapitre et chaque district purent organiser librement des réunions.
Tout en s’engageant avec le plus grand sérieux dans les activités bouddhiques, les pratiquants priaient depuis très longtemps pour que Shin’ichi vienne au Chili. Tous étaient impatients de voir ce jour arriver.
En dépit de l’incertitude politique persistante et de l’immensité de leur pays, qui s’étend sur plus de 4 200 kilomètres du nord au sud, les membres s’étaient engagés dans une lutte ardue. Ensemble, ils travaillaient avec ferveur, en faisant surgir leur sagesse et leur ingéniosité pour faire avancer kosen rufu. Shin’ichi était profondément touché par leurs efforts altruistes.
Au Chili aussi, un des pays les plus éloignés du Japon, émergeait un courant régulier de boddhisattvas surgis de la Terre.
Au centre culturel de la SGI-Chili, Shin’ichi dit aux membres du groupe Avenir : « Je vous remercie pour votre accueil. Seul l’océan nous sépare. Je l’ai traversé depuis le Japon pour venir vous voir en voisin. »
Les yeux des enfants brillaient d’émerveillement.
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Dans son discours, lors de la première réunion générale de la SGI-Chili, Shin’ichi fit l’éloge des efforts remarquables pour kosen rufu déployés par les membres dans tout le pays : « Vous avez lutté de toutes vos forces, sans vous laisser vaincre par l’adversité. Vous accumulerez à coup sûr des bienfaits aussi grands que la Cordillère des Andes. »
Shin’ichi déclara ensuite que le Chili était le cinquantième pays où il se rendait.
Alors qu’il s’apprêtait à partir pour son premier voyage pour la paix mondiale trente-trois ans plus tôt [en octobre 1960], Shin’ichi avait pu admirer le sommet du mont Fuji, et il arrivait maintenant au Chili, un pays situé aux antipodes du Japon, qui abrite le « mont Fuji d’Amérique du Sud », l’imposant mont Osorno.
Shin’ichi s’adressa avec conviction aux membres : « Je suis absolument certain que M. Toda se réjouirait devant tout ce que vous avez accompli. Mais nous n’en sommes qu’au début. En vous gardant toujours dans mon cœur, comme si, jour après jour, nous poursuivions ensemble nos activités, je continuerai de voyager dans le monde, avec un cœur joyeux ! »
En citant les paroles de Nichiren, « On peut qualifier un sage d’être humain mais ceux qui ne réfléchissent pas ne valent pas plus que des animaux » (Écrits, 859), Shin’ichi souligna l’importance d’adopter une conduite sage et prudente. Il expliqua que pratiquer le bouddhisme de Nichiren consistait à avoir fermement à l’esprit l’avenir de kosen rufu et à lutter avec un cœur ouvert afin de nouer des relations cordiales et harmonieuses avec les pratiquants et les non-pratiquants, sans aucune distinction. Il convient de faire preuve de sollicitude et de respect mutuel, en accordant la plus grande importance à l’amitié.
La foi équivaut à la vie quotidienne, et le bouddhisme se manifeste dans la société. Shin’ichi souhaitait faire profondément comprendre aux membres que, comme ces principes l’indiquent, le bouddhisme de Nichiren est une religion fondée sur la tolérance et sur l’engagement, et qu’ils ne devraient jamais ériger de murs entre la Soka Gakkai et la société.
Pour conclure, il invita tous les pratiquants sans exception à mener une vie d’une profonde satisfaction, victorieuse et rayonnante de bonne fortune.
Lors de la réunion des familles Soka qui suivit la réunion générale, les enfants interprétèrent la danse traditionnelle sau-sau originaire de l’île de Pâques, célèbre pour ses statues de pierre géantes, les moaï, et le groupe des Fifres et Tambours joua un chant japonais pour enfants, Le Printemps est arrivé. Les membres de la jeunesse dansèrent avec entrain la cueca, une danse folklorique chilienne.
Héritière de l’esprit de leurs parents et des autres pionniers des départements des femmes et des hommes qui avaient ouvert la voie de kosen rufu au Chili, la jeune génération se développait avec éclat. L’organisation chilienne débordait d’espoir et l’on y sentait la promesse d’un avenir radieux.
- *1Les membres du district d’Amambay avaient parcouru 600 kilomètres pour participer à la réunion. Ce district était destiné à devenir rapidement un chapitre.
- *2Les paroles originales en japonais avaient été écrites par Kunio Yamamoto, un membre pionnier de la SGI-Paraguay. La traduction en français reprend les paroles en espagnol du premier couplet.