Volume 30 : Chapitre 6, Serment 111–120
Serment 111
Lors du rassemblement des familles du mouvement Soka, tous les membres ont chanté ensemble la célèbre chanson chilienne Si vas para Chile (Si vous allez au Chili), et Shin’ichi Yamamoto applaudit en rythme :
Ô, voyageur, les paysans et autres habitants du village
viendront t’accueillir,
et tu verras combien, au Chili, on chérit
les amis venus de l’étranger.
Le visage rayonnant de bonheur, les membres chantaient avec passion et firent le serment d’être un modèle pour le reste du monde en réalisant de grandes avancées dans leur mouvement de kosen rufu.
Ce jour devint un nouveau point de départ pour la SGI-Chili.
Le 25 février à midi, Shin’ichi rencontra le président Patricio Aylwin dans les bureaux de la présidence, au palais de la Moneda. Les deux hommes s’étaient déjà rencontrés en novembre de l’année précédente [en 1992], à l’occasion de la visite du dirigeant chilien au Japon.
Ils avaient alors dialogué avec enthousiasme sur divers sujets, comme la nécessité pour les dirigeants de servir le peuple, le processus spectaculaire de démocratisation qui se déroulait alors au Chili, et le rôle des échanges culturels entre le Chili et le Japon pour l’ouverture d’une nouvelle ère pan-pacifique. Les quinze minutes prévues pour leur rencontre se transformèrent en quarante-cinq minutes.
Lorsqu’ils se séparèrent, le président Aylwin avait dit : « J’espère sincèrement que cette première rencontre ne sera pas la dernière. La prochaine fois, j’aimerais vous recevoir dans le palais présidentiel, au Chili. »
Sa proposition s’était donc concrétisée.
Le dirigeant chilien expliqua que, après leur rencontre à Tokyo, il avait lu Choisis la vie, le dialogue de Shin’ichi avec Arnold Toynbee, et il exprima sa joie de le revoir.
Cette fois-ci, ils discutèrent du pouvoir de la culture, des problèmes environnementaux, et de bien d’autres sujets. Shin’ichi présenta également à M. Aylwin un poème qu’il avait écrit en hommage aux réalisations, à ses yeux aussi élevées que la Cordillère des Andes, du chef d’État chilien, véritable héros de la démocratie. Dans ce poème, Shin’ichi disait :
Le pouvoir de la raison surpasse le pouvoir militaire !
Le pouvoir de l’esprit surpasse le pouvoir des armes !
Aussi féroce que soit l’usage que l’on en fait,
le pouvoir cruel et sans scrupule
n’apporte en fin de compte qu’une victoire éphémère et illusoire,
alors que le pouvoir de la raison et de l’esprit,
grâce à la compréhension et à la joie, enrichira en définitive
profondément la terre du peuple.
Serment 112
Quatre mois après la fin de son mandat présidentiel, en juillet 1994, M. Aylwin se rendit au Japon avec son épouse, Leonor, et délivra une conférence à l’université Soka.
À l’occasion de cette visite, Shin’ichi et lui eurent ensemble un troisième entretien. À partir de leurs conversations et d’échanges de correspondance [entre 1992 et 1994], un livre fut publié en japonais, sous le titre L’aube du Pacifique, en octobre 1997. Sa publication coïncida avec le 100e anniversaire de la signature du Traité d’amitié, de commerce et de navigation entre le Japon et la République du Chili.
Le 25 février 1993, Shin’ichi quitta le Chili et atterrit dans la soirée à São Paulo. Au cours de son séjour, il participa à la 16e réunion générale de la SGI aux côtés de représentants de trente-deux pays et territoires, au centre Culture et Nature de la SGI-Brésil.
Dans le discours qu’il prononça en cette occasion, Shin’ichi décrivit les membres de la Soka Gakkai comme les pionniers de kosen rufu, une entreprise sans précédent, et il les invita à être toujours fiers d’être les héritiers directs de Nichiren. Il exhorta aussi chaque personne à lutter pour briller de tout son éclat et pour illuminer sa famille, son environnement et la société, avec la lumière de son humanité. Il encouragea tous les participants à poursuivre leur progression à ses côtés avec joie et énergie sur la grande voie de l’humanisme de la SGI, en forgeant et en développant d’innombrables liens d’amitié entre les peuples.
Le 8 mars, il partit pour Miami, en Floride, où il participa à une session d’étude avec des membres de la SGI-États-Unis, ainsi qu’à d’autres événements. Ensuite, il s’envola pour San Francisco, où il rencontra le grand scientifique Linus Pauling pour la quatrième fois. Par la suite, il rencontra et encouragea des membres avant son retour au Japon, le 21 mars.
Au mois de mai de cette même année 1993, Shin’ichi s’envola pour les Philippines et Hong Kong. De septembre à octobre, il partit de nouveau aux États-Unis et se rendit également au Canada. Au cours de ce voyage, il prononça pour la deuxième fois un discours à l’université Harvard, intitulé « Le bouddhisme mahayana et la civilisation du XXIe siècle ».
De janvier à février 1994, Shin’ichi se rendit à Hong Kong, dans la province de Shenzhen, en Chine, et en Thaïlande. À partir de la mi-mai, il partit pour un voyage de plus d’un mois en Russie et dans plusieurs pays d’Europe. Il consacrait ainsi chaque jour, chaque instant, à établir les fondations du kosen rufu mondial.
Rester inactif lorsqu’il est nécessaire d’agir, ne pas accomplir ce qui doit l’être quand le moment est venu, conduit à des regrets éternels. Pour Shin’ichi, seul comptait le moment présent.
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Le 1er janvier de l’année 1995, appelée « Année de la gloire et du grand essor », au sein de la Soka Gakkai, Shin’ichi Yamamoto lança ses activités en dirigeant une cérémonie de Gongyo du Nouvel An au siège de la Soka Gakkai.
Le 15 janvier, jour où l’on célèbre l’arrivée à l’âge de la majorité au Japon, il organisa une réunion des représentants du département des femmes et de l’arrondissement de Shinjuku, à Tokyo. Il évoqua alors le type de responsables dont le XXIe siècle aurait besoin : « Qu’attend-on aujourd’hui de nos responsables ? En un mot, rien d’autre que de la sincérité. Ils devraient s’engager à servir humblement les membres. Honnêteté, gentillesse, sens des responsabilités, conviction et disponibilité – voilà les qualités humaines que chacun souhaite voir chez un responsable. Il ne sert à rien de chercher à être ce que vous n’êtes pas. Ce qui compte, c’est de vous développer sans cesse en tant qu’êtres humains, de la façon qui vous est propre, et en vous fondant sur la foi. »
Pour l’avenir, Shin’ichi souhaitait donner des orientations claires et faciles à comprendre sur la notion de responsabilité.
« L’objectif du bouddhisme de Nichiren, poursuivit-il, est de soulager la souffrance. Pour cela, les idées à elles seules ne suffisent pas. Il faut faire preuve de sagesse et accomplir des actions concrètes. De notre point de vue, cela revient aussi à “substituer la foi à la sagesse”, c’est-à-dire à utiliser notre pratique bouddhique pour puiser la “sagesse du Bouddha” qui existe dans notre vie. C’est pourquoi, dans quelque domaine que ce soit, nous devrions commencer par prier, et sans cesse renouveler notre prière en agissant jusqu’à ce que nous obtenions un résultat clair.
« Shakyamuni et Nichiren étaient des hommes d’action – et c’est ce que nous voulons être nous aussi. »
Deux jours plus tard, à 5 h 46, soit peu avant l’aube en ce 17 janvier, un puissant séisme frappa l’ouest et le centre du Japon. C’est à Kobe, sur l’île d’Awaji, et dans d’autres parties du sud de la préfecture de Hyogo, ainsi qu’à Osaka et Kyoto, qu’il y eut le plus de dégâts. Le séisme détruisit en partie la voie express régionale, dans ses tronçons surélevés, ainsi que de nombreux bâtiments et maisons. Il provoqua des incendies, qui se propagèrent à grande échelle. Quelque 6 400 personnes décédèrent et environ 44 000 furent blessées. Cette catastrophe fut appelée le grand tremblement de terre de Hanshin-Awaji (ou le séisme de 1995 à Kobe).
Lorsque Shin’ichi apprit la nouvelle, il adopta immédiatement des mesures pour que la Soka Gakkai mobilise toutes ses ressources afin de soutenir les efforts de sauvetage et de secours.
Il devait se rendre en visite à Hawaï et délivrer une conférence au East West Center [centre Orient-Occident], un institut universitaire de premier plan de la région Asie- Pacifique, mais il retarda son départ et concentra tous ses efforts pour venir en aide aux personnes touchées par le tremblement de terre.
Des centres de coordination des secours furent aussitôt établis à Tokyo, au siège de la Soka Gakkai, ainsi qu’au Kansai. Shin’ichi s’entretint avec les principaux responsables et participa aussi à une réunion sur les opérations d’intervention.
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Dans les endroits touchés par le grand séisme de Hanshin-Awaji, les bâtiments de la Soka Gakkai devinrent à la fois des centres d’hébergement temporaires et des centres de secours pour collecter, stocker et distribuer les fournitures d’urgence.
Outre la voie express, qui s’était en partie effondrée, de nombreuses autres routes étaient coupées, parce qu’elles étaient encombrées par des débris d’immeubles, et celles qui pouvaient encore être empruntées connaissaient d’importants embouteillages. Les membres de la Soka Gakkai mirent rapidement sur pied un groupe de motocyclistes, qui se frayaient un chemin dans les rues jonchées de gravats pour livrer les fournitures d’urgence aux habitants des zones en détresse.
Shin’ichi éprouva beaucoup de peine en pensant à tous ceux qui avaient perdu des êtres chers, ou encore leur maison et leur lieu de travail. Il aurait voulu se rendre aussitôt dans les zones touchées pour encourager chaque personne, mais le jour de sa conférence au centre Orient-Occident approchait. Au moment où le président de la Soka Gakkai, Eisuke Akizuki, et un groupe de responsables, notamment la responsable nationale du département des femmes et le responsable de la jeunesse, s’apprêtaient à partir ensemble dans la région sinistrée, Shin’ichi leur dit :
« J’aimerais que vous vous consacriez corps et âme à encourager chacun en mon nom. Certains pratiquants ont sans doute perdu des êtres chers, qui pratiquaient eux aussi le bouddhisme de Nichiren. Veuillez leur transmettre ce message :
« Tout peut être détruit, sauf la bonne fortune et les bienfaits que nous accumulons dans notre vie grâce à notre pratique bouddhique, qui durent éternellement. Le bouddhisme de Nichiren enseigne que, lorsque nous récitons Nam-myoho-renge-kyo ne serait-ce qu’une fois, nous pouvons atteindre la bouddhéité. Par conséquent, les pratiquants qui ont perdu la vie ont à coup sûr transformé leur karma dans cette existence. Ils rencontreront à nouveau le Gohonzon dans leur prochaine existence et mèneront une vie heureuse.
« Comme l’indique le concept “changer le poison en remède”, nous pouvons tout changer dans un sens positif grâce à la foi en la Loi merveilleuse. Nichiren a écrit : “Un grand mal est suivi d’un grand bien.” (Écrits, 1126)
« Aussi pénible que soit votre situation actuelle, ayez la conviction que vous serez à coup sûr heureux. En somme, devenez heureux quoi qu’il arrive. Je prie avec l’espoir que vous reconstruirez magnifiquement votre vie, en déployant force et courage. »
Akizuki et ceux qui l’accompagnaient arrivèrent au Kansai le 24 janvier. Aussitôt, ils rendirent visite aux membres des zones touchées pour les encourager.
Le lendemain soir, 25 janvier, Shin’ichi quitta le Japon pour Honolulu, la capitale d’Hawaï.
Le 26 janvier, après avoir visité l’université d’Hawaï à Mānoa, il se rendit au centre Orient-Occident situé juste à côté.
Là, il prononça un discours pour célébrer le 50e anniversaire de la création des Nations unies, intitulé « La paix et la sécurité humaines : perspectives bouddhiques pour le XXIe siècle ».
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Dans son discours, Shin’ichi Yamamoto souligna que, jusqu’à présent, la garantie de la sécurité était considérée comme une question politique et abordée du point de vue des institutions. Cependant, le XXe siècle nous a appris que, si nous nous concentrons uniquement sur l’amélioration des structures de la société et de l’État, sans regarder en face la question clé du changement intérieur de l’être humain lui-même, les efforts déployés en faveur de la paix peuvent même se révéler contreproductifs.
Selon lui, les efforts visant à réformer la société devaient commencer par une transformation intérieure, ou révolution humaine. Pour cela, il est nécessaire d’opérer une transition essentielle dans la manière de penser de l’humanité – en passant de la connaissance à la sagesse, de l’uniformité à la diversité et de la souveraineté nationale à la souveraineté humaine.
Au centre Orient-Occident, Shin’ichi retrouva John Montgomery, professeur émérite de l’université Harvard, Glenn Paige, professeur émérite de l’université d’Hawaï, et Johan Galtung, fondateur des études sur la paix.
Lors de son séjour, Shin’ichi assista aussi au festival culturel de la jeunesse pour la paix mondiale, célébrant le 50e anniversaire de la fondation des Nations unies, et à la conférence pour la culture et la paix pan-pacifique de la SGI. Le 2 février, il retourna au Japon en prenant un vol direct pour le Kansai.
Là, il participa à une réunion des responsables de la Soka Gakkai de Tokyo et du Kansai pour y discuter des actions de l’organisation en réponse au séisme dévastateur de janvier, et dirigea une cérémonie de Gongyo en hommage à ceux qui avaient perdu la vie dans cette catastrophe. Il fit tout son possible pour encourager les membres.
Lors de la cérémonie de Gongyo, Shin’ichi dit : « Je prie pour que le Kansai se rétablisse le plus rapidement possible. Le monde entier soutient chaleureusement vos efforts. Dressez-vous avec courage et soyez des modèles pour le reste du monde. Nos compagnons dans la foi qui ont disparu dans ce désastre retrouveront bientôt les rangs du Kansai “toujours victorieux”.
« Nichiren écrit : “Nous atteindrons […] sans entrave le plus haut niveau de renaissance, la renaissance dans la Terre de la lumière paisible. Puis, très rapidement, nous retournerons au cœur du rêve illusoire des naissances et des morts dans les neuf états.” (WND-II, 860) Nous manifesterons l’état de bouddha, appelé ici la Terre de la lumière paisible, et, après la mort, nous renaîtrons rapidement et retournerons dans le monde des neuf états [le monde saha], où nous pourrons à nouveau participer activement à kosen rufu.
« Au nom de tous nos amis pratiquants disparus, continuons d’aller de l’avant – avec joie et espoir, tout en récitant vigoureusement Nam-myoho-renge-kyo. Telle est la voie, fondée sur le principe de la non-dualité de la vie et de la mort, pour que réapparaisse avec force une bonne fortune éclatante ici, à Hyogo, et partout ailleurs au Kansai.
« Veuillez transmettre mes plus sincères salutations à tous ceux qui habitent dans les zones touchées par le séisme et par ses conséquences. »
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À partir de la fin du mois d’octobre 1995, Shin’ichi Yamamoto se rendit dans quatre pays et territoires d’Asie. Il effectua notamment son premier séjour au Népal, la terre natale de Shakyamuni. C’était le cinquante-et-unième pays qu’il visitait au cours de ses voyages pour la paix.
Le 1er novembre 1995, Shin’ichi rencontra le roi Birendra du Népal, dans son palais, à Katmandou. Le 2 novembre, il fut l’invité d’honneur de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Tribhuvan, au centre international des Congrès de cette ville. Là, il prononça un discours commémoratif intitulé « Hommage au Sagarmatha1 de l’humanisme : les leçons vivantes du bouddha Gautama ».
Il y était question de l’héritage spirituel de Shakyamuni, un grand maître de l’humanité, à partir de deux points de vue différents : sa sagesse éclatante et sa compassion illimitée. Shin’ichi affirma ensuite que les personnes unies par leurs idéaux humanistes et œuvrant pour leur bonheur et celui des autres représentaient la force capable d’établir la prospérité dans leurs pays respectifs, et qu’elles ouvriraient la voie vers un avenir plus éclatant pour toute l’humanité. Il exprima aussi son espoir de voir les étudiants diplômés, qui ont une mission profonde en tant que responsables de la prochaine génération, déployer les ailes de la sagesse et de la bienveillance et s’élancer majestueusement vers le XXIe siècle, le siècle de la paix et du respect de la dignité de la vie.
Le 3 novembre, l’université Tribhuvan conféra à Shin’ichi un doctorat honoris causa de lettres. Ce titre lui fut remis par le ministre de l’Éducation, qui était aussi le vice-président de l’université.
Dans son discours d’acceptation, Shin’ichi décrivit le Népal comme une « terre d’une grande beauté et d’une grande poésie », et il affirma sa conviction que « la richesse d’un pays découle de la richesse du cœur de son peuple ».
Plus tard, dans la journée, accompagné par des membres de la SGI-Népal qui lui servirent de guide, il se rendit en voiture sur les hauteurs, près de Katmandou. Il répondit aussi volontiers à leur désir de lui montrer l’Himalaya, la plus haute chaîne de montagnes du monde.
C’était le crépuscule et l’Himalaya était alors couvert de nuages d’un blanc nacré. Mais, quand Shin’ichi et ses guides arrivèrent à destination, les nuages se déchirèrent et, pendant un bref instant, comme si un voile s’était levé, les sommets enneigés firent leur apparition. Dans la lumière du soleil couchant, le ciel avait des teintes rose pâle. Les montagnes se dressaient, avec une splendeur impressionnante.
Shin’ichi saisit aussitôt son appareil photo pour capter cet instant.
Peu après, l’Himalaya baigna dans les couleurs du crépuscule et une grande Lune argentée apparut dans le ciel.
Au loin, un groupe d’une vingtaine d’enfants observaient curieusement Shin’ichi. Quand il leur adressa un geste amical de la main, ils s’approchèrent timidement. Leurs yeux brillaient comme des pierres précieuses.
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« Nous sommes bouddhistes, expliqua Shin’ichi aux enfants. Et nous sommes ici dans le pays où le Bouddha est né. Il a grandi en admirant les hauts sommets de l’Himalaya. Il a travaillé avec ardeur pour devenir une personne aussi impressionnante que ces montagnes. Il s’est forgé pour devenir un champion inébranlable. Vous êtes exactement comme lui. Vous vivez dans un endroit extraordinaire. Vous aussi, vous pouvez devenir des personnes remarquables.
« Vous avez des visages magnifiques et vous avez tous l’air très intelligents. Quand vous serez un peu plus âgés, j’espère que vous viendrez au Japon. »
Shin’ichi voulait tirer le plus de valeur possible de cette brève rencontre. Il souhaitait encourager de tout cœur les enfants et faire souffler la brise printanière de l’espoir dans leurs jeunes cœurs.
Le lendemain, 4 novembre, il assista à la première réunion générale de la SGI-Népal, à Katmandou, et posa pour une photo de groupe avec la centaine de membres présents. « Avancez ensemble dans l’harmonie et l’amitié, dit-il pour les encourager. J’espère que chacun de vous luttera afin de devenir une personne rayonnante, c’est-à-dire à la fois un bon citoyen et un membre respecté de sa communauté. »
La majorité des membres de la Soka Gakkai du Népal étaient des jeunes. Comme de jeunes pousses chargées d’espoir sur lesquelles veillait l’Himalaya, ils poursuivaient leur développement au potentiel illimité.
Après le Népal, Shin’ichi se rendit à Singapour où il participa à la troisième conférence pour la culture et l’éducation de la SGI Asie. Il visita alors pour la première fois le jardin d’enfants Soka de Singapour. Il assista aussi au premier festival artistique de la jeunesse et de l’amitié destiné à célébrer le 30e anniversaire de la République de Singapour.
Puis, le soir du 10 novembre, il arriva à Hong Kong.
Territoire britannique à l’époque, Hong Kong devait être restitué à la Chine en 1997. Mais ce ne fut qu’après des négociations entre le chef d’État chinois, Deng Xiaoping, et la Première ministre britannique, Margaret Thatcher, en 1982, que ce transfert de souveraineté commença à devenir une réalité tangible.
Pour les habitants de Hong Kong qui vivaient depuis bien longtemps dans une économie de marché et de libre-échange, il était difficile de s’imaginer dans un régime communiste, et bon nombre d’entre eux s’inquiétaient de l’avenir. À un moment donné, le dollar de Hong Kong s’effondra et le marché boursier traversa de grandes turbulences.
« C’est précisément le moment pour moi d’aller à Hong Kong ! Je dois rencontrer et encourager chaque personne ! »
Fort de cette détermination, Shin’ichi se rendit effectivement sur place, en décembre 1983.
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Lors de cette visite, Shin’ichi Yamamoto s’était adressé avec énergie aux membres : « Je suis sûr que certains d’entre vous se demandent avec inquiétude ce que deviendra Hong Kong en 1997. Mais je tiens à vous dire que vous n’avez absolument aucun souci à vous faire. Menez une existence pleine de confiance, dans cet endroit si cher à votre cœur – avec son esprit de liberté et de paix, sa culture et son essor constant en tant que haut-lieu d’échanges internationaux –, qui est illuminé et protégé par la Loi merveilleuse.
« Après 1997, année où doit avoir lieu la rétrocession de Hong Kong à la Chine, nous poursuivrons nos échanges avec une énergie redoublée et une joie toujours plus profonde. Remportons ensemble des victoires sans précédent qui perdureront éternellement ! »
Par ses dialogues avec les membres de la SGI-Hong Kong et de nombreuses autres personnes éclairées, Shin’ichi avait acquis la conviction que la clé de l’essor et du développement remarquables de Hong Kong résidait dans la vitalité inépuisable de ses habitants et dans le pouvoir de l’espoir qui habitait leurs cœurs.
L’expression « une joie toujours plus profonde » insuffla du courage aux membres.
En décembre 1984, la Chine et le Royaume-Uni publièrent une déclaration commune qui annonçait que, en 1997, Hong Kong retournerait à la Chine et deviendrait une région administrative spéciale dans laquelle, durant les cinquante années suivantes, les règles politiques du parti communiste ne seraient pas appliquées. Hong Kong conserverait son économie capitaliste, selon le principe de « un État, deux systèmes ». Cependant, cette déclaration ne rassura pas les habitants, et des centaines de milliers d’entre eux émigrèrent au Canada, en Australie et ailleurs.
En ayant l’avenir de ce territoire à l’esprit, Shin’ichi dialogua avec de nombreuses personnalités officielles chinoises et resta en relation avec les gouverneurs successifs de Hong Kong.
À l’occasion de cette nouvelle visite, en novembre 1995, Shin’ichi rencontra Jin Yong (nom de plume de Louis Cha), un auteur renommé, fondateur du quotidien Ming Pao. Reconnu depuis de nombreuses années comme un « phare de la conscience » et un leader d’opinion, Jin Yong était aussi un membre du comité de rédaction de la loi fondamentale de Hong Kong destinée à déterminer le système social du territoire après sa restitution à la Chine.
En 1998, Shin’ichi et Jin Yong publièrent leur dialogue au Japon, sous la forme d’un livre intitulé La lumière de la bienveillance en Asie. Il reprenait le contenu de leurs cinq rencontres, à partir de 1995, au cours desquelles ils avaient abordé un large éventail de sujets, notamment l’avenir de Hong Kong et le rôle de la littérature dans la vie.
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Cinq mois avant la rétrocession à la Chine, Shin’ichi dit à Jin Yong : « Je suis certain que Hong Kong continuera de prospérer après son retour à la Chine. » Il dit ensuite que, selon lui, à partir de cette date, Hong Kong devrait mettre l’accent non seulement sur sa croissance économique mais aussi sur son épanouissement spirituel.
Jin Yong approuva : « J’espère que la SGI-Hong Kong et tous les membres de la SGI transmettront l’importance des valeurs spirituelles et de solides valeurs humaines à de nombreuses personnes. »
Dans leur réflexion, les deux hommes se souciaient avant tout du bonheur et de la prospérité de la population hongkongaise.
Shin’ichi répétait sans cesse aux membres que, tant qu’ils conserveraient une foi inébranlable, ils pourraient transformer n’importe quel lieu en une éclatante « terre aux trésors du bonheur ».
Nichiren écrit : « […] le lieu où ils vivent deviendra la Terre de la lumière éternellement paisible. » (Écrits, 425)
Le 1er juillet 1997, l’ancien territoire britannique de Hong Kong fut donc rendu à la Chine, ce qui donna lieu à une grande cérémonie historique. Dans le cadre de cette cérémonie, l’équipe de gymnastique Aigle doré de la SGI-Hong Kong se produisit, en déployant toute l’énergie de la jeunesse. Plusieurs chorales participèrent également au festival de musique exceptionnel qui se tint ce soir-là.
Shin’ichi envoya des télégrammes de félicitations au président de la République populaire de Chine, Jiang Zemin, qui était pour lui un ami de longue date, ainsi qu’à Tung Chee-hwa, le nouveau chef exécutif de la région administrative spéciale de Hong Kong. Les membres locaux résolurent de s’unir pour faire de leur territoire un havre de paix et de prospérité à la suite de cette rétrocession à la Chine. Ils décidèrent aussi de prendre un départ plein de fraîcheur vers le XXIe siècle, qui marquerait le début du troisième millénaire.
En ce mois de novembre 1995, lors de son séjour à Hong Kong, Shin’ichi se rendit à Macao. L’université de Macao lui décerna un doctorat honoris causa en sciences sociales, et il fut également reçu officiellement dans les bureaux du gouverneur local. Macao, qui était un territoire portugais, fut restitué à la Chine en 1999, et les membres de la SGI-Macao, comme ceux de Hong Kong avant eux, prirent alors un nouveau départ plein de fraîcheur et d’espoir.
Le 17 novembre 1995, Shin’ichi revint au Japon, au terme de son voyage dans des pays d’Asie voisins, et il se rendit d’abord directement dans la région de Chubu, puis au Kansai, pour y encourager les membres.
Le 23 novembre, une réunion générale des responsables de la Soka Gakkai se tint au centre culturel du Kansai, conjointement avec la réunion nationale du département de la jeunesse et la réunion générale du Kansai.
En cette occasion, le directeur général de la SGI, Koichi Towada, annonça que l’organisation possédait désormais une nouvelle charte.
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La Soka Gakkai internationale fut créée à l’occasion de la Première Conférence pour la paix mondiale sur l’île de Guam, dans l’océan Pacifique, le 26 janvier 1975. Depuis, elle n’a cessé de promouvoir la philosophie du respect de la dignité de la vie du bouddhisme de Nichiren et de développer un mouvement qui se consacre à la paix dans le monde et au bonheur de toute l’humanité. Dans le cadre de cette démarche, des organisations de la SGI de divers pays et territoires ont créé des liens de confiance toujours plus profonds dans la société, et de nombreuses personnes nourrissent aujourd’hui de grands espoirs dans les actions de nos membres.
Après la réunion des directeurs permanents et du comité directeur de la SGI, en 1995, à l’occasion du 20e anniversaire de la fondation de la SGI, un comité fut créé avec l’objectif de rédiger une charte mettant en lumière les objectifs et les idéaux de la SGI, ainsi que les lignes de conduite des organisations qui la constituent. Une résolution fut adoptée lors de la réunion générale de la SGI du 17 octobre et, après de nouvelles délibérations du comité portant sur cette résolution, une charte fut établie avec l’approbation de toutes les organisations de la SGI.
La Charte comporte dix articles, qui établissent des objectifs comme la contribution à la paix, à la culture et à l’éducation fondée sur le bouddhisme ; le respect des droits humains et de la liberté religieuse ; la contribution à la prospérité de la société ; la promotion des échanges culturels ; la protection de la nature et de l’environnement, et la recherche de l’épanouissement de chacun.
Il est dit dans l’article 7 de la Charte : « En se fondant sur l’esprit bouddhique de tolérance, la SGI s’engage à respecter les autres religions, et à dialoguer et à œuvrer avec elles à la résolution des problèmes fondamentaux auxquels l’humanité est confrontée. »
La clé pour réaliser la paix mondiale et le bonheur de toute l’humanité est de permettre aux êtres humains de s’unir et d’agir ensemble, en prenant conscience qu’ils partagent une destinée commune. Les plus grands obstacles sont le dogmatisme et l’intolérance, qu’ils soient de nature religieuse, nationaliste ou ethnique. Pour que l’humanité vive dans l’harmonie et la paix, nous devons revenir au point de départ, à savoir que nous sommes tous également des êtres humains qui doivent s’aider mutuellement, en transcendant toutes leurs différences.
Au moment du grand séisme de Hanshin-Awaji, en janvier 1995, la Soka Gakkai déploya toute son énergie dans les activités de sauvetage et de secours. Les organisations de la SGI du monde entier apportèrent également leur soutien et leur aide de diverses manières. Les victimes de la catastrophe et bien d’autres personnes exprimèrent leur reconnaissance pour ces efforts.
En collaboration avec d’autres associations et groupes religieux, la SGI s’engagea également à lutter en faveur de l’abolition des armes nucléaires.
- *1Sagarmatha : nom népalais du mont Everest, le sommet le plus élevé de la chaîne de l’Himalaya et du monde.