Volume 30 : Chapitre 6, Serment 21–30

Serment 21

Nichiren se consacra au bonheur de ceux qui luttaient contre les difficultés et la souffrance. Il aspirait à réaliser kosen rufu non seulement au Japon mais aussi dans tous les pays du monde – son souhait était d’établir le bonheur et la paix pour l’humanité entière. Quand nous nous fondons sur l’esprit de Nichiren, nous nous éveillons naturellement à l’importance de vivre ensemble, en harmonie, avec tous les êtres humains, et d’œuvrer au bien commun de l’humanité.

En février 1952, dans une période d’intensification des tensions Est-Ouest au sein d’un monde divisé entre les États-Unis et l’Union soviétique, Josei Toda prôna le concept de famille humaine mondiale. Cela exprimait aussi le grand idéal du bouddhisme de Nichiren.

En tant que pratiquants de ce bouddhisme, les membres de la Soka Gakkai adoptent une philosophie de vie qui consiste à considérer tous les êtres humains comme précieux et égaux, et à reconnaître que tous ont également droit au bonheur. Lorsqu’ils voient d’autres personnes souffrir, ils font preuve d’empathie et de compassion pour les encourager, avec le désir qu’elles deviennent heureuses. Élargir la compréhension et le soutien en faveur de cette façon de penser et de vivre est la clé pour construire un solide mouvement populaire pour la paix, capable d’unir les peuples du monde entier.

En avril 1982, la guerre éclata entre le Royaume-Uni et l’Argentine à propos du contrôle des îles Falkland [connues en français sous le nom d’îles Malouines], dans l’océan Atlantique Sud. Les combats durèrent plusieurs semaines mais, à la mi-juin, les forces militaires argentines se rendirent, et la guerre prit fin. Ce n’est cependant qu’en février 1990 que les relations diplomatiques entre les deux pays furent rétablies. Les deux camps avaient subi de lourdes pertes dans ce conflit : au total, plus de 900 soldats y ont perdu la vie.

Les responsables de la SGI-Royaume-Uni et de la SGI-Argentine, notamment leurs directeurs généraux respectifs, se connaissaient pour avoir participé ensemble à divers voyages d’étude au Japon. Pendant que la guerre se déroulait entre leurs deux pays et que l’hostilité grandissait entre leurs peuples, les membres de la SGI de Grande-Bretagne et d’Argentine se mirent à prier ensemble pour la paix. En pensant aux amis pratiquants de l’autre pays, chacun pria avec ferveur pour que la guerre prenne fin.

L’humaniste et militante sociale américaine Eleanor Roosevelt (1884-1962) déclara : « Si l’on veut instaurer la paix en ce monde, il faut d’abord parvenir à une meilleure compréhension entre les individus. À partir de cette graine initiale naîtra une meilleure compréhension entre les groupes humains1. »

La confiance entre les êtres humains est le fondement de la paix.

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En novembre 1983, un an après la guerre des Malouines, le directeur général de la SGI-Royaume-Uni, Raymond Gordon, évoqua cette période dans un entretien paru dans le journal Seikyo, le quotidien affilié à la Soka Gakkai : « Quasiment tous les pratiquants du Royaume-Uni prièrent devant le Gohonzon pour que la guerre cesse le plus rapidement possible. Un jour, j’ai appelé un responsable en Argentine [le directeur général de la SGI-Argentine, Kazuya Okida] pour savoir si tout le monde là-bas se portait bien, et j’appris que les pratiquants argentins et lui-même priaient eux aussi pour la paix.

« En apprenant cela, je sentis que, même si nos deux pays étaient séparés par une grande distance et tristement impliqués dans un conflit militaire, nous partagions le même désir de paix. Nous étions en définitive unis par des liens humains chaleureux et par un engagement authentique en faveur de la paix. »

Gordon pria pour que son pays, la Grande-Bretagne, change son karma.

En mai 1982, alors que la guerre des Malouines faisait toujours rage, Gordon se rendit au Japon et accompagna Shin’ichi Yamamoto au parc de la Paix, à Nagasaki. Là, il déposa une gerbe au pied de la statue de la paix, en priant pour le repos des victimes de la bombe atomique et pour la réalisation d’une paix mondiale durable, notamment pour la fin de la guerre aux Malouines.

Fort heureusement, la guerre prit fin le mois suivant, sans s’étendre davantage.

En mars 1983, un peu moins d’un an après le conflit, la SGI-Royaume-Uni organisa à Londres une exposition audiovisuelle sur la paix, intitulée « Exposition pour la paix mondiale », dont le thème central était « Choisis la vie ». Les chaînes de télévision et de radio, y compris la BBC, ainsi que les principaux journaux britanniques, couvrirent l’événement et en firent l’éloge.

Si, partout sur Terre, une philosophie du respect de la dignité suprême et du caractère précieux de la vie s’enracine profondément dans le cœur des gens, il sera alors possible pour l’humanité de s’unir pour la cause de la paix. Fondamentalement, établir la paix signifie établir fermement cette philosophie et élargir inlassablement le cercle de ceux qui l’adoptent et la défendent.

En mars 1986, des représentants de la SGI-Royaume-Uni et de la SGI-Argentine participèrent à un voyage d’étude commun au siège de la Soka Gakkai, à Tokyo. Tous ces membres n’avaient jamais cessé de prier ensemble pour la paix. Ainsi, toutes les tensions initiales qui auraient pu exister furent immédiatement dissipées. Les pratiquants firent le serment de poursuivre leur lutte commune, en tant que champions de la paix, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de guerre dans le monde.

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Shin’ichi Yamamoto était convaincu que réaliser des activités régulières pour kosen rufu, au sein d’un mouvement, profondément ancré dans la vie des personnes ordinaires qui se consacre à transmettre dans le monde la philosophie de la paix et l’humanisme bouddhique, était la clé pour établir les fondations inébranlables d’une paix durable. Le pouvoir des personnes ordinaires et les efforts menés localement sont essentiels afin de créer un consensus public fort contre la guerre et les armes nucléaires. C’est aussi la force motrice permettant d’unir les individus du monde entier.

De plus, Shin’ichi était profondément déterminé à poursuivre ses dialogues avec des dirigeants de nombreux pays et à travailler conjointement avec les Nations unies à la création d’un courant mondial en faveur de la paix.

Il avait aussi décidé de faire des efforts particuliers dans le domaine des échanges éducatifs et culturels avec des universités du monde entier, afin que les étudiants qui auraient la responsabilité de l’avenir puissent forger des liens entre eux et créer de vastes réseaux de solidarité pour promouvoir l’amitié et la paix.

Alors que les gouvernements et les forces politiques ont tendance à se laisser emporter par les courants tumultueux et changeants de l’époque, les universités et autres instituts reposent sur l’universalité et sur la permanence. Les diplômés des plus grandes institutions éducatives de chaque pays représentent la génération suivante de responsables qui auront la charge de développer leur société. De plus, les échanges et interactions entre jeunes de différents pays constitueront à coup sûr une nouvelle force qui unira le monde à l’ère de la mondialisation.

Shin’ichi mit toute son énergie dans ses activités. Pour encourager les pratiquants, il voyagea toujours plus loin, au Japon ainsi qu’à l’étranger.

En mai et juin 1983, il se rendit aux États-Unis et en Europe.

En février et mars 1984, il retourna aux États-Unis, et se rendit aussi en Amérique du Sud. À l’occasion de ce voyage, il alla au Brésil pour la première fois depuis dix-huit ans et rencontra le président, João Figueiredo, qui lui avait envoyé personnellement une lettre, en mai 1982, pour l’inviter dans son pays. Leur rencontre eut lieu le 21 février dans le bureau présidentiel à Brasilia, la capitale.

Lors de sa précédente visite, dix-huit ans plus tôt, Shin’ichi avait été surveillé constamment par la police politique du gouvernement militaire. Certains membres du gouvernement de l’époque avaient cru des rumeurs infondées selon lesquelles la Soka Gakkai serait en réalité une organisation politique se faisant passer pour un mouvement religieux. De telles rumeurs avaient été répandues par des Brésiliens d’origine japonaise et d’autres personnes, hostiles à l’organisation en raison de malentendus et de préjugés.

À partir de cette époque, les membres de la SGI-Brésil déployèrent des efforts considérables pour susciter une meilleure compréhension dans l’opinion publique et permettre ainsi à la Soka Gakkai d’obtenir la confiance de la société brésilienne.

Il suffit d’un instant pour créer des malentendus alors qu’il faut des années, voire des décennies d’efforts acharnés pour les dissiper et instaurer la confiance.

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Shin’ichi Yamamoto avait prévu de se rendre au Brésil en 1974, mais sa demande de visa avait été à l’époque rejetée et la visite avait dû être annulée. Les membres de la SGI-Brésil regrettèrent de ne pas avoir agi davantage pour dissiper les malentendus au sujet de la Soka Gakkai. Ils firent alors le serment profond de déployer encore plus d’ardeur pour engager des dialogues et apporter une contribution positive à la société. Ils étaient déterminés à ce que leurs actions servent à promouvoir une meilleure compréhension de l’organisation et de ses activités et à créer une ère où le Gouvernement brésilien accueillerait de son plein gré le président Yamamoto dans le pays.

Un esprit intrépide plante les causes de la victoire au milieu des tourments de l’adversité.

Finalement, en février 1984, Shin’ichi put donc se rendre au Brésil et rencontrer le président João Figueiredo.

Au cours de leur entretien, le président Figueiredo informa Shin’ichi qu’il comptait aller au Japon à la fin du mois de mai ou au début du mois de juin de la même année. Ils discutèrent également de questions telles que la coopération scientifique et technologique entre le Brésil et le Japon, le passage d’un régime militaire à un régime civil au Brésil, les armes nucléaires et les perspectives d’avenir. Le président Figueiredo approuva totalement l’idée de Shin’ichi selon laquelle les discussions en tête à tête entre les dirigeants de la planète étaient la voie qui permettrait de créer un monde sans guerre.

À Brasilia, Shin’ichi rencontra plusieurs hauts représentants de l’État, notamment le ministre des Affaires étrangères et le ministre de l’Éducation et de la Culture. Il posa également pour une photo de groupe avec 600 pratiquants. Enfin, il alla à l’université de Brasilia et fit un don de livres à la bibliothèque.

Le 25 février, Shin’ichi se rendit au gymnase Ibirapuera, à São Paulo, où se tenait une répétition publique du premier grand festival culturel de la SGI-Brésil. Shin’ichi fit le tour de la grande scène circulaire disposée au centre du gymnase, en levant les bras pour saluer et féliciter les spectateurs qui l’acclamaient. Puis, il saisit le micro et dit, profondément ému : « Je me réjouis sincèrement de pouvoir vous rencontrer tous, mes chers amis, nobles émissaires du Bouddha, dans des circonstances aussi joyeuses, dix-huit ans après ma dernière visite. Ce magnifique festival culturel brillera à coup sûr dans l’histoire du Brésil et dans les annales de kosen rufu.

« Les efforts incroyables que vous avez accomplis, le développement solide auquel vous êtes parvenus et le magnifique réseau de solidarité de cœur à cœur que vous avez construit au fil des ans sont véritablement extraordinaires. Merci infiniment ! Ému aux larmes par tout ce que vous avez réalisé, j’aimerais vous exprimer ma plus profonde reconnaissance en vous applaudissant et en vous félicitant de tout mon cœur. Je voudrais pouvoir prendre chacun d’entre vous dans mes bras et vous serrer la main. »

Le public laissa éclater sa joie en lançant avec enthousiasme le cri de la victoire brésilien : « É pique, é pique, é pique, pique, pique ! »

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Le 26 février, Shin’ichi assista au grand festival culturel de la SGI-Brésil, dont le thème était « Un chant de paix pour le monde au XXIe siècle ». On lut à cette occasion le message du président Figueiredo.

Ce dernier reconnaissait les efforts de la SGI-Brésil en faveur de la culture, de l’éducation et de la paix mondiale, ainsi que ses contributions à grande échelle dans la lutte pour l’abolition des armes nucléaires et pour d’autres causes liées à la paix. Il exprimait également son souhait sincère que le mouvement parvienne à réaliser ses nobles idéaux.

La différence était frappante avec la situation dix ans auparavant où le Gouvernement, visiblement très méfiant à l’égard de la Soka Gakkai, avait même rejeté la demande de visa déposée par Shin’ichi pour entrer dans le pays. C’était une preuve éloquente du succès des membres de la SGI-Brésil pour instaurer la confiance dans la société, grâce à leurs efforts constants pour engager le dialogue avec des personnes de tous horizons. C’était aussi un exemple irréfutable de la transformation positive à laquelle on peut parvenir, selon le principe bouddhique qui enseigne de « changer le poison en remède ».

Au Pérou, étape suivante de son voyage, Shin’ichi rencontra le président Fernando Belaúnde Terry, au palais présidentiel, à Lima.

Architecte de renommée mondiale, Belaúnde devint président en 1963 mais, en 1968, un coup d’État militaire l’obligea à s’exiler aux États-Unis. Finalement, il rentra au Pérou où il fut réélu président lors des élections de 1980 qui restaurèrent la démocratie dans le pays.

En reconnaissance des contributions significatives de Shin’ichi à la culture, à l’éducation et à la paix mondiale, le président Belaúnde le nomma au grade de grand-croix dans l’ordre du Soleil du Pérou.

Le même jour, Shin’ichi se rendit aussi à l’université nationale principale de San Marcos, une des plus anciennes universités d’Amérique du Sud, et fit un don de livres à la bibliothèque. Quelques années auparavant, en avril 1981, cette université lui avait conféré le titre de professeur honoraire à l’occasion de la cérémonie d’entrée des collège et lycée Soka, à Tokyo. Le président et d’autres représentants de l’université s’étaient alors déplacés jusqu’au Japon pour lui remettre cette distinction.

Shin’ichi ne cessa d’engager des efforts pour renforcer la voie des échanges éducatifs.

En 2017, l’université nationale principale de San Marcos lui remit également un doctorat honoris causa en reconnaissance de ses contributions à la paix et à l’éducation, fondées sur les idéaux humanistes.

Une fois ouverte, la voie des échanges doit être sans cesse empruntée pour être consolidée et élargie, afin qu’elle devienne une grande route.

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Pendant sa visite au Pérou, Shin’ichi assista également au premier festival culturel pour la paix mondiale de la jeunesse de la SGI-Pérou [le 3 mars 1984]. Il s’adressa en ces termes aux quelque 10 000 personnes présentes : « Vous avez couronné votre jeunesse de victoires. J’aimerais me tourner personnellement vers chacun d’entre vous et vous serrer fermement la main, en y mettant toute ma sincérité et mon affection.

« La culture est la fleur d’un pays. Les activités culturelles correspondent à des activités pour la paix et, en définitive, elles permettent au bonheur de s’épanouir dans la vie des êtres humains. En ne cherchant ni reconnaissance ni gain personnel, avec le cœur pur de la jeunesse, vous avez surmonté tous les défis et toutes les difficultés pour mener à bien ce merveilleux festival culturel, qui restera dans l’histoire des événements culturels au Pérou. Il est alors certain que vous mènerez des vies couronnées de brillantes victoires. »

En indiquant qu’un arc-en-ciel majestueux était apparu au-dessus de Lima, un peu plus tôt dans la journée, Shin’ichi avait exprimé sa conviction que c’était « un symbole indiquant que le Pérou et la SGI-Pérou entraient dans une ère aussi magnifique que cet arc-en-ciel ». Et il ajouta : « Je prie sincèrement pour la prospérité, la paix et l’avenir radieux du Pérou, qui m’est si cher. »

Shin’ichi mena aussi trois cérémonies de Gongyo, au centre culturel de la SGI-Pérou. Après avoir fait l’éloge du regretté directeur général de la SGI-Pérou, Vicente Seiken Kishibe, il souligna que l’enseignement de la Loi merveilleuse est la force motrice du bonheur, et qu’il a le pouvoir d’apporter bienfaits et prospérité au pays. « Ceux qui ont foi dans la Loi merveilleuse, dit encore Shin’ichi, posséderont conviction et bonheur tout au long de leur vie et pour l’éternité. » Ses mots étaient imprégnés de son souhait de voir tous les pratiquants lutter avec une foi indéfectible et devenir des champions du bonheur.

Lors de son voyage aux États-Unis et en Amérique centrale, en février 1987, Shin’ichi se rendit aussi en République dominicaine, surnommée « la perle des Caraïbes ». Il y rencontra le président Joaquín Balaguer, et fut promu au grade de grand-croix de l’ordre de Christophe Colomb, l’une des plus hautes distinctions du pays.

Shin’ichi se rendit également au centre bouddhique de la SGI de la République dominicaine, à Saint-Domingue, où il dirigea une cérémonie de Gongyo pour célébrer le 21e anniversaire des débuts du mouvement de kosen rufu dans ce pays.

Il souhaitait sincèrement féliciter et encourager les pionniers qui avaient émigré du Japon. Luttant avec ardeur dans les moments de désespoir pour labourer la terre rocailleuse et aride de leur nouvelle patrie, ils surmontèrent les obstacles les uns après les autres afin d’établir les fondations de kosen rufu en République dominicaine.

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Parmi les personnes présentes à la cérémonie de Gongyo se trouvaient de nobles pionniers de kosen rufu en République dominicaine, le visage bronzé et rayonnant. En leur adressant un sourire, Shin’ichi dit : « Grâce à vos efforts pour ouvrir la voie de kosen rufu, vous faites pleinement l’expérience de l’incommensurable pouvoir bénéfique du Gohonzon, et menez des vies magnifiques, emplies de courage et de joie. C’est en soi la preuve que le mouvement de kosen rufu en République dominicaine contribue à la prospérité de la société et cela indique qu’un avenir magnifique et plein d’espoir est en vue. »

Il ajouta, pour les encourager, qu’il priait pour que chacun d’eux, sans exception, mène une vie heureuse, riche en victoires, longue et épanouie.

Puis Shin’ichi assista à la première réunion générale de la SGI de République dominicaine.

Le lendemain [10 février 1987], il visita l’université autonome de Saint-Domingue. Le recteur, Fernando Sanchez Martinez, annonça en souriant que, par reconnaissance pour les activités humanitaires de grande envergure menées par Shin’ichi en tant que président de la SGI, l’université avait décidé de lui décerner le titre de professeur honoraire de sa faculté de droit et de sciences politiques. La remise du prix eut lieu le jour même.

Le jour de son départ de République dominicaine, Shin’ichi déposa une couronne devant le mémorial dédié aux pères fondateurs du pays, au parc de l’Indépendance de Saint-Domingue. Ensuite, il posa pour une photo de groupe avec plus de 200 pratiquants.

Durant sa visite au Panama, du 17 au 20 février, Shin’ichi rencontra le président Eric Arturo Delvalle, et fut nommé grand officier de l’ordre de Vasco Núñez de Balboa, une des plus hautes distinctions du pays.

Lors de la cérémonie de Gongyo, au centre culturel de la SGI-Panama, Shin’ichi souligna l’importance de réciter Nam-myoho-renge-kyo.

Durant ce séjour, il visita aussi l’université du Panama où il rencontra le recteur, Abdiel Adames. En 2000, cette université lui conféra un doctorat honoris causa.

Toutes ces distinctions étaient une reconnaissance des efforts de la SGI pour la paix, la culture et l’éducation, et prouvaient que les membres de chacun de ces pays avaient su gagner éloge et confiance grâce aux contributions apportées à leur société.

Shin’ichi acceptait ces honneurs au nom de la SGI comme un hommage aux grandes réalisations de ses prédécesseurs, les présidents Tsunesaburo Makiguchi et Josei Toda, et comme une manière d’honorer les efforts altruistes de ses compagnons de pratique. Il espérait que ces titres procureraient joie et fierté aux pratiquants, qui allaient de l’avant dans leurs activités pour kosen rufu.

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Shin’ichi déployait toute son énergie dans les réunions et les dialogues avec les responsables des divers pays. Il était convaincu que cela contribuerait à ouvrir la voie de la paix mondiale et à promouvoir une meilleure compréhension de la Soka Gakkai, en protégeant ainsi les pratiquants de ces pays.

En 1985, il se rendit à la maison des hôtes d’État de Tokyo pour y rencontrer le Premier ministre indien Rajiv Gandhi, en visite au Japon. Ils eurent un échange au sujet de la paix, de la formation de la jeunesse et des relations entre l’Inde et la Chine.

En mai 1987, Shin’ichi assista à l’inauguration de l’exposition « Les armes nucléaires – une menace pour notre monde », à Moscou. Dans l’allocution qu’il prononça en cette occasion, il évoqua les aspirations ardentes des peuples du monde à la paix. Il eut également l’occasion de dialoguer avec le Premier ministre soviétique, Nikolaï Ryjkov. En France, début juin, il eut des échanges avec Jacques Chirac, alors Premier ministre, ainsi qu’avec le président du Sénat, Alain Poher.

Durant un voyage en Asie, en février 1988, il rencontra le roi Bhumibol Adulyadej de Thaïlande, le Premier ministre de Malaisie, Mahathir Mohamad, et le Premier ministre de Singapour, Lee Kuan Yew.

Pendant ses déplacements en Europe, en 1989, il eut l’occasion de s’entretenir avec la Première ministre du Royaume-Uni, Margaret Thatcher, le Premier ministre de Suède, Ingvar Carlsson, et le président François Mitterrand. Pendant ce voyage, il fut invité à donner une conférence sur le thème « L’art et la spiritualité en Orient et en Occident », à l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France, à Paris.

Cette même année, à Tokyo, il rencontra le chancelier autrichien Franz Vranitzky et le président de Colombie, Virgilio Barco Vargas. Durant cette rencontre, le chef d’État colombien lui remit la grand-croix de l’ordre national du Mérite.

En mai 1990, au cours de sa septième visite en Chine, Shin’ichi eut des échanges francs et ouverts avec le Premier ministre, Li Peng, et le secrétaire général du Parti communiste, Jiang Zemin.

En juillet de la même année, lors de sa cinquième visite en Union soviétique, il rencontra pour la première fois le président Mikhaïl Gorbatchev, au Kremlin.

Tout en lui faisant part de sa joie de le rencontrer, Shin’ichi lui dit, avec une pointe d’humour : « Je suis venu me quereller avec vous. Faisons jaillir des étincelles, et parlons de tout honnêtement et ouvertement, pour le bien de l’humanité et des relations entre le Japon et l’Union soviétique ! »

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Le président Gorbatchev répondit lui aussi avec humour : « J’ai beaucoup entendu parler de vos activités, mais je n’avais pas réalisé à quel point vous étiez un homme passionné ! J’aime, moi aussi, m’engager dans des dialogues honnêtes et ouverts. J’ai l’impression que nous sommes de vieux amis – des personnes qui se connaissent depuis longtemps et qui se réjouissent de se rencontrer aujourd’hui, en tête à tête, pour la première fois.

— Je ressens la même chose, acquiesça Shin’ichi. Mais vous, vous êtes un dirigeant qui attirez l’attention du monde entier, un chef d’État plein de conviction, profondément préoccupé par la réalisation de la paix pour toute l’humanité. Vous avez beaucoup de charisme et d’intégrité et brillez par votre passion et votre intelligence. En revanche, je ne suis qu’un simple citoyen ordinaire. Aujourd’hui, je me propose donc d’être votre élève et j’aimerais vous demander votre point de vue sur toutes sortes de sujets – au nom des peuples du monde entier qui attendent votre message, et pour la postérité.

— Je m’apprêtais à vous accueillir comme il convient, mais vous m’avez devancé, dit le président Gorbatchev avec son large sourire caractéristique. En tout cas, vous ne pourriez certainement pas être mon élève. En tant que défenseur de valeurs et d’idéaux humanistes, vous avez apporté des contributions remarquables à l’humanité. J’ai un très grand respect et une admiration profonde pour vous. Vos idéaux trouvent un écho profond en moi, et je m’intéresse beaucoup à la portée philosophique de vos activités. La “nouvelle pensée”, qui est au cœur de notre perestroïka [programme de réformes], est en quelque sorte une branche de votre arbre philosophique. »

Shin’ichi s’exprima à son tour de manière très directe : « Je soutiens aussi la perestroïka et la “nouvelle pensée” que vous cherchez à développer. Il y a là beaucoup de points communs avec mes idéaux – ce qui est somme toute logique puisque, vous et moi, nous portons notre attention sur les êtres humains. Tous les êtres humains partagent une même humanité. Vous êtes un homme d’État-philosophe, en qui je place les plus grands espoirs. »

Vingt-cinq ans plus tôt, Shin’ichi avait lancé l’idée d’un « socialisme humaniste ». Entre-temps, le président Gorbatchev avait hissé la bannière de la réforme pour créer un « socialisme à visage humain ».

Quand les êtres humains se fondent sur une perspective universelle à partir de leur humanité commune, il leur est possible de se rassembler dans l’harmonie.

Serment 30

Le président Gorbatchev évoqua les actions de Shin’ichi Yamamoto pour l’amélioration de la société et pour la paix.

« J’ai une très grande estime pour vos activités intellectuelles et sociales, ainsi que pour le mouvement pour la paix que vous dirigez, notamment parce que toutes vos actions comportent un aspect spirituel. Nous essayons actuellement d’intégrer peu à peu des éléments spirituels, tels que la morale et l’éthique, dans notre gouvernance. Cela représente certes un défi de taille, mais je pense que, si nous réussissons, nous obtiendrons des résultats remarquables. À l’heure actuelle, les gens estiment peut-être que ce n’est pas réalisable, mais je suis persuadé du contraire. »

Shin’ichi et le président Gorbatchev reconnurent aussi l’importance de l’alliance et des échanges entre le monde de la politique et celui de la culture. Ils abordèrent également toutes sortes d’autres sujets, notamment les relations entre l’Union soviétique et le Japon, l’évolution de la perestroïka et sa signification, et les espoirs qu’il plaçait dans la jeunesse.

Il y avait une question à laquelle Shin’ichi espérait obtenir une réponse lors de sa rencontre avec le président Gorbatchev. Alors que la Seconde Guerre mondiale avait pris fin quarante-cinq ans plus tôt, aucun chef d’État soviétique ne s’était rendu depuis au Japon, et nombreux étaient ceux qui se demandaient si Gorbatchev ne serait pas le premier. Cependant, au cours d’une réunion avec une délégation de la Diète japonaise, deux jours plus tôt, il n’avait fait aucune allusion à un voyage au Japon.

Shin’ichi dit alors au chef d’État soviétique : « Je crois que vous n’avez pas eu l’occasion de venir au Japon au moment de votre lune de miel, dit Shin’ichi d’un ton humoristique. N’avez-vous jamais eu envie de visiter notre pays ? »

Puis il ajouta avec un sourire : « De nombreuses femmes japonaises espèrent sincèrement que vous viendrez dans ce pays voisin qui est le nôtre, avec votre épouse Raïssa – soit au printemps quand les cerisiers sont en fleur, soit à l’automne quand les feuilles se parent de leurs plus belles couleurs.

— Merci. Je note cela dans mon agenda », répondit sans hésiter le président Gorbatchev.

Shin’ichi réitéra son invitation : « En tant que philosophe qui aime le Japon et l’Asie et aspire à la paix mondiale, j’espère sincèrement que vous viendrez dans notre pays.

— Je n’y manquerai pas, déclara le président Gorbatchev. Je suis prêt à y engager le dialogue sur toutes sortes de sujets… Si c’est possible, j’aimerais venir au Japon au printemps. »

Les portes d’une nouvelle ère commençaient à s’ouvrir largement.

  • *1Traduit de l’anglais. Eleanor Roosevelt, This Troubled World (Ce monde troublé), New York, H. C. Kinsey and Company, Inc., 1938, p. 18.