Volume 30 : Chapitre 6, Serment 71–80
Serment 71
Le 29 novembre, trois semaines après avoir reçu de la Nichiren Shoshu le document intitulé « Sommation de dissoudre la Soka Gakkai », l’organisation laïque reçut un nouveau document, appelé cette fois « Avis d’excommunication de la Soka Gakkai ».
Il y était dit que la Nichiren Shoshu excommuniait la Soka Gakkai parce que l’organisation laïque ne s’était pas conformée aux exigences indiquées dans son avis précédent. Il était aussi précisé que cette excommunication s’appliquait simultanément à « toutes les organisations affiliées à la SGI (Soka Gakkai internationale) et aux organisations équivalentes qui acceptent et suivent les orientations de la Soka Gakkai ».
Parmi les principaux responsables de la Soka Gakkai, plusieurs étaient devenus membres à l’époque du président Makiguchi et avaient également travaillé aux côtés du président Toda pour reconstruire la Soka Gakkai après la Seconde Guerre mondiale. Ils avaient été témoins de la réalité du clergé de la Nichiren Shoshu pendant de longues années, et entreprirent de dénoncer les actions dénuées de tout principe de Nikken et des moines qui lui étaient alliés. Parmi ces responsables figuraient notamment Hiroshi Izumida, président du Comité directeur des orientations de la Soka Gakkai, ainsi que Hisao Seki et Katsu Kiyohara, respectivement président et vice-présidente du Conseil consultatif exécutif.
Izumida dit avec dégoût : « Qui ont-ils excommunié au juste ? Normalement, l’excommunication est une action visant des individus particuliers, mais ils disent excommunier les organisations de la Soka Gakkai et de la SGI. En déclarant par ailleurs que les membres de la Soka Gakkai et de la SGI peuvent conserver, à titre personnel, leur statut de croyants laïcs de la Nichiren Shoshu, ils les appellent donc à quitter l’organisation laïque. Leurs arrière-pensées sont évidentes : nous prendre nos membres et en faire des fidèles de la Nichiren Shoshu.
« L’autoritarisme, l’intérêt personnel, la lâcheté et la malhonnêteté de la Nichiren Shoshu n’ont absolument pas changé depuis le passé. Ils n’ont aucune foi. C’est pour cela qu’ils ont accepté le talisman shintoïste et supprimé des passages cruciaux des écrits de Nichiren [à la demande du gouvernement militariste pendant la Seconde Guerre mondiale]. Et, à chaque fois qu’un problème surgit entre le clergé et la Soka Gakkai, ils refusent de conférer le Gohonzon à nos membres, en utilisant l’objet de vénération comme un instrument pour manipuler les croyants laïcs.
« Il faut également noter qu’ils ont essayé de rompre les liens entre maître et disciple au sein de la Soka Gakkai.
« Il y a eu notamment l’incident impliquant Jiko Kasahara, un moine corrompu qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, a défendu la doctrine erronée selon laquelle le bouddhisme était subordonné au shintoïsme. Lors d’un pèlerinage commémoratif, à l’occasion du 700e anniversaire de la proclamation de l’enseignement de Nichiren [en 1952], les jeunes de la Soka Gakkai demandèrent à Kasahara de s’excuser pour ses fautes devant la tombe de M. Makiguchi. À cette époque, le Conseil de la Nichiren Shoshu s’était réuni et avait adopté une motion retirant à M. Toda son poste de représentant laïc de la Nichiren Shoshu et lui interdisant de se rendre au Temple principal. En ne sanctionnant que le président Toda, les moines avaient tenté de creuser un fossé entre les membres et lui, et ainsi de rompre les liens entre maître et disciples au sein de la Soka Gakkai, pour placer ses membres sous le contrôle de la Nichiren Shoshu. »
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La Soka Gakkai est un rassemblement de bodhisattvas surgis de la Terre, ayant pour mission de réaliser kosen rufu en s’appuyant sur la relation de maître et disciple. C’est pourquoi le Roi-Démon du sixième ciel, désireux de détruire le mouvement de kosen rufu, emploie tous les moyens possibles pour rompre cette relation.
Des responsables comme Hiroshi Izumida, qui pratiquaient depuis les débuts de la Soka Gakkai, étaient tout à fait conscients de la corruption qui régnait au sein de la Nichiren Shoshu et de son profond mépris pour les croyants laïcs. Sentant que le moment était venu d’affronter et de combattre une fois pour toutes cette situation, ils prirent l’initiative de protester contre les actions du clergé.
Pour transmettre l’esprit de la Soka Gakkai aux jeunes générations, les pratiquants plus âgés et plus expérimentés n’ont pas d’autre moyen que de montrer l’exemple par leurs propres actions. Encourager les jeunes successeurs est la mission et la responsabilité des aînés dans la foi.
Izumida déclara résolument : « Au regard de ses actions récentes, il est clair que la Nichiren Shoshu dénigre les enseignements du bouddhisme de Nichiren et s’est transformée en une école d’offenseurs de la Loi. Le clergé ne peut échapper aux remontrances sévères de Nichiren Daishonin et de Nikko Shonin ! »
Les membres débordaient de joie. Tous sentaient qu’ils allaient maintenant pouvoir avancer joyeusement, le cœur léger, vers le kosen rufu mondial, sans avoir à se soucier des moines autoritaires et mesquins.
Le 29 novembre, jour de réception par la Soka Gakkai de l’avis d’excommunication, une cérémonie eut lieu au Hall international de l’amitié Soka, dans le quartier de Sendagaya, à Tokyo, pour remettre un prix d’honneur au président de la SGI, Shin’ichi Yamamoto. Rendant hommage à sa contribution à l’éducation, à la culture et à l’humanité, cette distinction lui était attribuée par l’Association des chefs de mission africains à Tokyo, un groupe diplomatique représentant vingt-six nations africaines.
Des ambassadeurs et des représentants de dix-neuf ambassades africaines, le représentant du Congrès national africain (ANC) au Japon et d’autres personnalités officielles étaient présents à la cérémonie de remise du prix. Il était extrêmement rare que tant d’ambassadeurs et de diplomates africains se retrouvent ainsi tous ensemble.
Dans le discours qu’il prononça lors de cette cérémonie, l’ambassadeur du Ghana, qui était aussi le président de l’Association des chefs de mission africains, reconnut les efforts en faveur de la paix mondiale déployés par Shin’ichi et par la SGI, en citant notamment le soutien apporté au mouvement anti-apartheid et les actions pour promouvoir des échanges éducatifs et culturels entre le Japon et l’Afrique à travers l’université Soka, l’Association des concerts Min-On et d’autres organisations affiliées à la Soka Gakkai. Il qualifia également la SGI de rassemblement de citoyens du monde qui partagent les mêmes idéaux humanistes, et déclara : « Je suis convaincu que nous avons fait le bon choix, en choisissant la SGI comme partenaire dans la réalisation de nos idéaux communs. »
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S’exprimant au nom de la délégation africaine, l’ambassadeur du Ghana dit également à Shin’ichi Yamamoto : « Vous êtes à tout point de vue un véritable citoyen du monde et le plus grand ambassadeur du Japon. »
L’histoire du continent africain a trop longtemps été une histoire de luttes contre l’oppression, la discrimination et d’innombrables autres défis. Shin’ichi était profondément honoré et touché d’obtenir cette reconnaissance de diplomates africains dont la vision pénétrante avait été renforcée par de telles réalités.
Lorsque le prix d’honneur lui fut remis, la salle vibra sous les applaudissements. La citation figurant sur le prix indiquait notamment : « En reconnaissance de vos réalisations pour la promotion de la paix mondiale par l’éducation, la culture et un comportement juste, et de vos efforts en faveur de l’égalité des peuples, du respect des droits humains, de l’assistance aux pauvres, des encouragements spirituels et du dévouement à la cause de l’humanité, l’Association des chefs de mission africains à Tokyo tient à vous honorer aujourd’hui et à vous remercier pour les qualités humaines exceptionnelles dont vous avez fait preuve et que vous avez mises au service de l’humanité. »
Shin’ichi s’avança alors vers le micro et dit : « C’est pour moi un jour historique et je ressens une vive émotion. »
Il expliqua ensuite que, depuis sa création, la Soka Gakkai s’était battue pour défendre la dignité humaine et l’égalité, et il indiqua que le deuxième président, Josei Toda, prônait déjà l’idéal de citoyenneté mondiale. Shin’ichi promit de déployer encore davantage d’énergie dans la promotion des échanges entre le Japon et l’Afrique, le « continent du XXIe siècle », qui œuvre à la victoire des peuples.
Le représentant du Congrès national africain remit aussi à Shin’ichi un message du président de l’ANC, Nelson Mandela, qui lui transmettait ses salutations et ses vœux de bonne santé.
Lorsque vint le moment du départ pour les membres de l’Association des chefs de mission africains et les autres personnalités présentes, Shin’ichi les accompagna jusqu’au hall d’entrée et leur serra la main, en leur faisant part de sa profonde gratitude.
C’est en ouvrant la voie de l’éducation, de la culture et de l’humanisme que le véritable esprit du bouddhisme de Nichiren pourra s’épanouir dans le monde entier. L’humanisme et l’engagement en faveur de la paix, qui en sont le cœur, permettront également de surmonter tous les obstacles et rassembleront les êtres humains. Agir pour concrétiser cela est la voie juste qu’il convient de suivre en tant que bouddhistes, et l’objectif approprié pour un mouvement de citoyens du monde au XXIe siècle.
Ce jour-là, le rideau s’était levé sur une nouvelle ère de victoire des droits humains. Les félicitations adressées de tout cœur par les diplomates africains exprimaient leurs éloges et les grands espoirs qu’ils plaçaient dans l’avenir de la Soka Gakkai, qui avait courageusement acquis son indépendance spirituelle.
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Le lendemain soir, 30 novembre, des réunions de responsables se déroulèrent partout au Japon, avec pour thème « Une grande victoire pour la renaissance Soka ».
Shin’ichi Yamamoto participa à la réunion qui se tint au Hall international de l’amitié Soka dans le quartier de Sendagaya, à Tokyo, aux côtés du président Eisuke Akizuki et d’autres responsables.
Shin’ichi avait écrit un poème pour commémorer ce jour qui marquait un nouveau départ pour la Soka Gakkai et le dédia à l’ensemble des membres :
L’heure décisive
est enfin arrivée
pour les champions du mouvement Soka.
Au cours de cette réunion, le président Akizuki lut ce poème et expliqua que l’expression « champions du mouvement Soka » exprimait l’idée que tous les membres de la Soka Gakkai étaient des « champions de la foi ». Puis il évoqua la véritable nature de Nikken et de la Nichiren Shoshu :
« La Nichiren Shoshu, qui a commis d’innombrables offenses à l’encontre de la Loi, est tombée dans la décadence et n’est plus aujourd’hui que “le groupe Nikken”. Elle n’a pas le droit d’excommunier la Soka Gakkai. C’est un abus de pouvoir. En raison de ses graves fautes, Nikken, le grand patriarche, sera à coup sûr réprimandé sévèrement par Nichiren […]
« Je déclare que la Nichiren Shoshu, en raison de ses actions visant à troubler la communauté harmonieuse des croyants et à entraver la progression de kosen rufu, a sans aucun doute déjà été excommuniée par Nichiren […]
« L’excommunication de la Soka Gakkai par le clergé n’est en fait qu’une tentative sans scrupule de faire des membres de la Soka Gakkai de simples fidèles affiliés à des temples. L’ambition de la Nichiren Shoshu est toujours la même : démanteler la Soka Gakkai. Nous devons percevoir les actions entreprises par les moines pour ce qu’elles sont vraiment.
« En termes de foi, poursuivit Akizuki d’un ton vigoureux, nous nous sommes libérés de leurs chaînes sombres et insidieuses, et nous pouvons avancer librement et de toutes nos forces vers la réalisation du kosen rufu mondial. Aujourd’hui, je souhaite proclamer la grande victoire de notre renaissance Soka, car nous avons gagné notre indépendance spirituelle ! Qu’en dites-vous ? »
La salle sembla trembler sous les acclamations et les applaudissements.
Akizuki cita ensuite un passage des écrits de Nichiren : « Soyez résolu à faire surgir le grand pouvoir de la foi et récitez Nam-myoho-renge-kyo en priant pour avoir une foi résolue et correcte au moment de la mort. Ne recherchez jamais aucune autre voie pour hériter de la Loi ultime de la vie et de la mort, et manifestez-la dans votre vie. […] Même adopter le Sûtra du Lotus serait inutile sans l’héritage de la foi. » (Écrits, 219)
« La foi représente le véritable héritage de la Loi, souligna Akizuki, et le bienfait du Gohonzon apparaît immanquablement quand les quatre forces sont activées – c’est-à-dire quand les forces du Bouddha et de la Loi se manifestent grâce à la force de notre foi et à la force de notre pratique. C’est le “grand pouvoir de la foi” qui apporte des bienfaits incommensurables. Montrons à tous des preuves tangibles de ce pouvoir. »
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Le président Akizuki annonça la création dans chaque arrondissement et chaque préfecture du Japon d’un groupe dédié aux cérémonies, chargé de s’occuper des cérémonies funéraires et autres. Il rapporta également que la pétition lancée au Japon et partout ailleurs dans le monde, qui appelait à la démission du grand patriarche Nikken avait déjà récolté 12 240 000 signatures. M. Akizuki annonça qu’il remettrait à la Nichiren Shoshu cette pétition qui exprimait l’indignation suscitée sur toute la planète par les actions de Nikken.
Les participants applaudirent à tout rompre pour marquer leur accord. Tous sentaient que le kosen rufu mondial était parvenu à un tournant. Chacun était heureux et enthousiaste à l’idée de pouvoir jouer un rôle de premier plan sur la grande scène d’une nouvelle réforme religieuse historique.
Ce fut enfin au tour de Shin’ichi Yamamoto de prendre la parole.
Il commença par une petite touche d’humour : « J’ai appris qu’il y avait une célébration spéciale aujourd’hui, alors je me suis dit que je n’allais pas manquer ça ! »
Les participants éclatèrent de rire et applaudirent. L’atmosphère dans la salle était gaie, détendue, et pleine de joie et de détermination.
Après avoir rappelé que la Nichiren Shoshu avait envoyé à la Soka Gakkai son avis d’excommunication à la date du 28 novembre, Shin’ichi dit : « Le 28 novembre est désormais une date historique. Le mois de novembre est le mois de la fondation de la Soka Gakkai et, comme vous le savez, le chiffre 28 est significatif puisqu’il correspond aussi au nombre de chapitres contenus dans le Sûtra du Lotus. Il est à la fois tout à fait inattendu et parfaitement approprié que cette date – le 28 novembre – devienne le Jour de notre indépendance spirituelle. »
Ces derniers mots furent accueillis par un tonnerre d’applaudissements. En entendant l’expression « le Jour de notre indépendance spirituelle », tous ressentirent un espoir illimité et envisagèrent un avenir riche de possibilités infinies.
Shin’ichi réaffirma que les membres de la Soka Gakkai, en luttant avec un esprit altruiste, avaient réussi à transmettre largement la Loi merveilleuse, en accord parfait avec les enseignements de Nichiren, et il souligna aussi un autre point : « Aucune autre organisation n’a jamais diffusé à ce point la Loi merveilleuse, en partageant sa grandeur avec les personnes ordinaires du monde entier. Et notre véritable tâche se trouve encore devant nous.
« Je suis convaincu que, comme le président Toda l’a dit, le nom de la Soka Gakkai figurera à coup sûr dans les écrits bouddhiques des temps futurs. »
La Soka Gakkai concrétise le vœu du Bouddha, et chacun de ses membres, qui œuvre pour kosen rufu avec un dévouement inlassable, est un bouddha.
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Les êtres humains ne sont pas au service de la religion ; c’est la religion qui est au service des êtres humains, afin de leur permettre de devenir heureux. Confondre ou inverser cette relation primordiale déforme tout. Après avoir indiqué que c’était là l’erreur fondamentale commise par la Nichiren Shoshu, Shin’ichi exprima ses espoirs pour l’avenir : « Le bouddhisme de Nichiren est le bouddhisme du soleil ; c’est une religion mondiale qui illumine toute l’humanité. Sous toutes ses formes, l’essor de la Soka Gakkai, organisation dont les membres protègent cette grande philosophie, devrait avoir aussi une dimension internationale et universelle. La Soka Gakkai ne doit pas se cantonner dans un cadre étroit, fermé et féodal. »
Nichiren écrit : « Quand le Soleil se lève dans la partie est du ciel, tous les cieux au-dessus du grand Jambudvipa, le continent sud, sont illuminés par sa vaste lumière. » (Écrits, 172) Ici, l’expression le « grand Jambudvipa, le continent sud » désigne le monde entier. Le soleil du bouddhisme de Nichiren a le pouvoir de dissiper les nuages sombres de toutes les souffrances et du malheur, et d’illuminer le monde entier avec la lumière du bonheur.
En mettant en avant les commentaires de divers spécialistes, penseurs et observateurs à propos des problèmes que la Soka Gakkai rencontrait avec la Nichiren Shoshu, Shin’ichi souligna les qualités nécessaires à une religion mondiale :
- Une gestion transparente et démocratique.
- Une adhésion aux principes fondamentaux de la foi, tout en permettant la liberté d’expression.
- Un égalitarisme qui promeut le respect mutuel et la participation de tous les pratiquants.
- La mise en avant de la foi plutôt que des rites.
- L’accès de tous les membres aux responsabilités, en fonction des capacités et non des origines.
- La transmission de doctrines universelles, selon des méthodes qui s’accordent avec l’époque.
Shin’ichi transmit également une orientation du président Toda, selon laquelle la Soka Gakkai devait rester en lien direct avec Nichiren à travers ses écrits. Il indiqua que la Soka Gakkai continuait d’agir en se fondant sur les écrits de Nichiren et en accord avec son vœu. Autrement dit, elle luttait toujours pour accomplir le grand vœu de « kosen rufu par la propagation bienveillante de la Grande Loi1 ».
Il insista sur le fait qu’il n’y avait pas besoin d’intermédiaire entre les pratiquants et Nichiren, et que, dans le cadre de la Soka Gakkai, le rôle des responsables consistait simplement à aider chacun à se forger son propre lien avec Nichiren.
Les présidents Makiguchi et Toda se sont consacrés avec altruisme à transmettre la Loi merveilleuse, telle que Nichiren l’enseigne, et ont montré, par leur exemple, ce qu’étaient des disciples qui s’exercent dans la foi et dans la pratique. Au sein de la Soka Gakkai, la relation de maître et disciple, nos compagnons de pratique et l’organisation en elle-même sont tous là pour enseigner et apprendre l’esprit de Nichiren, ainsi que la foi et la pratique bouddhiques justes, fondées sur ses écrits.
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Shin’ichi affirma de nouveau que la mission de la Soka Gakkai consistait à perpétuer le mouvement de kosen rufu pour l’avenir et à travers le monde entier.
« Dans le Recueil des enseignements oraux, il est dit : “À présent, quand Nichiren récite Nam-myoho-renge-kyo, il permet à tous les êtres vivants d’atteindre la bouddhéité dans les dix mille ans de l’époque de la Fin de la Loi.” (OTT, 41) Avec la ferme conviction que tous ceux qui luttent comme l’enseigne Nichiren peuvent atteindre la bouddhéité, prenons un magnifique nouveau départ plein d’espoir, le regard tourné vers le futur, vers les dix mille ans à venir.
« Nikko Shonin [le disciple et successeur direct de Nichiren] écrit aussi : “Les écrits sacrés de ce pays [le Japon] devront être traduits du japonais en chinois et en sanskrit, quand viendra le moment de la vaste propagation2.” (GZ, 1613) Cela signifie que, de même que par le passé les paroles de Shakyamuni en Inde furent traduites en chinois, en japonais et dans d’autres langues, les nobles mots de Nichiren devront être transmis en Inde, en Chine et ailleurs, à l’époque de kosen rufu. Autrement dit, les écrits de Nichiren devront être traduits du japonais vers les différentes langues.
« Seule la Soka Gakkai les a traduits correctement et les a partagés avec d’autres à travers le monde, en accord parfait avec ces instructions. La Soka Gakkai poursuivra sa progression en se fondant sur les écrits de Nichiren, comme le préconisait Nikko Shonin. Je suis certain que Nichiren Daishonin et Nikko Shonin s’en réjouiraient tous les deux et feraient l’éloge de nos efforts. »
Shin’ichi fit ensuite référence à l’une des Vingt-Six Admonitions de Nikko : « Ne suivez pas même le grand patriarche s’il va à l’encontre de la Loi du Bouddha et prêche ses propres vues. » (GZ, 1618) C’est une mise en garde sévère contre l’attitude consistant à suivre des doctrines arbitraires en contradiction avec les enseignements bouddhiques, même si ces doctrines sont prônées par le grand patriarche en personne.
Shin’ichi souligna l’importance de maintenir un lien direct avec Nichiren, comme la mise en garde de Nikko Shonin nous y incite, et de continuer d’œuvrer avec vigueur pour le kosen rufu mondial. Pour conclure, il lança cet appel : « J’espère que chacun de vous ira de l’avant avec une bonne humeur et un courage incomparables, afin d’établir une Soka Gakkai qui n’aura pas son égale dans le monde. Célébrons le 70e anniversaire de notre mouvement en l’an 2000 avec des victoires retentissantes ! »
De toutes parts dans la salle fusèrent les applaudissements des participants, déterminés à agir en ce sens.
La Soka Gakkai venait de prendre un nouveau départ dynamique vers le nouveau siècle et vers une ère de l’humanisme, avec pour objectif de devenir une organisation religieuse de dimension mondiale.
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Partout au Japon et dans le monde, les membres se dressèrent avec vigueur en tant que champions de la renaissance Soka.
Ils prenaient un nouveau départ plein de fraîcheur pour le kosen rufu mondial, en gardant à l’esprit ces mots de Nichiren : « Puisque la compassion de Nichiren est vraiment grande et capable de tout inclure, Nam-myoho-renge-kyo se propagera pendant dix mille ans et plus encore, pour toute l’éternité […]. » (Écrits, 742)
Ils firent ensemble le serment de ne jamais dévier de la foi et de la pratique correctes telles qu’elles leur avaient été enseignées au sein de la Soka Gakkai. Ils s’engagèrent à avancer toujours avec la Soka Gakkai et à mener une existence heureuse, tout en s’assurant qu’aucun de leurs compagnons de foi ne se laisse entraîner par des influences négatives, qui pourraient susciter chez eux des regrets éternels. En consolidant ainsi leur cohésion, ils s’élancèrent avec optimisme et confiance vers le XXIe siècle, le siècle de la vie.
Le 27 décembre 1991, environ un mois après l’envoi par la Nichiren Shoshu de son avis d’excommunication, la Soka Gakkai remit à Nikken une pétition appelant à sa démission en tant que grand patriarche. Cette pétition avait été signée par plus de 16 millions de personnes dans le monde. Ce fait indiscutable restera à jamais gravé dans les annales de kosen rufu.
Au cours de ce même mois de décembre, un certain nombre d’organisations locales de la Soka Gakkai organisèrent des festivals culturels et musicaux, notamment les arrondissements d’Edogawa, de Katsushika et d’Adachi, à Tokyo, et la ville de Kawasaki, dans la préfecture de Kanagawa. En outre, le groupe des Fifres et Tambours Fuji, ainsi que l’orchestre de musique populaire des étudiants Fuji et la chorale des étudiants Fuji donnèrent de nombreuses représentations. Un chant intitulé Le Triomphe joyeux de Soka, dont les paroles avaient été conçues pour s’adapter à la mélodie de l’Hymne à la joie de Beethoven, fut interprété lors de plusieurs de ces événements.
Shin’ichi Yamamoto vint à chaque fois que son emploi du temps le lui permettait, non seulement pour assister aux représentations, mais aussi pour encourager les personnes présentes.
Les voix éclatantes des membres résonnaient comme une fanfare d’espoir annonçant l’aube de l’année 1992, l’Année de la renaissance Soka.
L’année écoulée, 1991, avait été véritablement tumultueuse, mais ce fut aussi celle où la Soka Gakkai avait acquis son indépendance spirituelle et connu une renaissance majeure – une année qui l’avait propulsée avec force sur la voie qui allait lui permettre de devenir un mouvement religieux d’envergure mondiale.
Désormais, la grande citadelle du mouvement Soka, qui se consacrait à établir la paix et le bonheur pour toute l’humanité, se dressait dans toute sa splendeur. Au moment de l’avènement de l’ère du kosen rufu mondial, la Nichiren Shoshu, conformément au passage du Sûtra du Lotus où il est dit les « démons maléfiques prendront possession des autres » (SdL-XIII, 190), a révélé sa véritable nature démoniaque et s’est coupée de la Soka Gakkai. On était entré dans une période merveilleuse. Tout cela s’accordait parfaitement avec l’intention du Bouddha.
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Les cloches de la renaissance Soka résonnaient de toutes parts.
Le jour de l’An 1992, Shin’ichi Yamamoto dirigea Gongyo avec des représentants de différents départements, à l’annexe du siège de la Soka Gakkai. Les premières actions qu’il entreprit, cette année-là, consistèrent à encourager les pratiquants.
À la réunion des responsables du Nouvel An, le 5 janvier, il appela les participants à prendre un nouveau départ, en les invitant à se préoccuper chaleureusement de tous les pratiquants et à les encourager sincèrement. C’était là, dit-il, le premier pas pour les guider dans la foi.
En 1992, de nombreux moines quittèrent la Nichiren Shoshu. Certains s’associèrent pour envoyer une « lettre de remontrance » à leur école, dans laquelle ils dénonçaient Nikken et le clergé qui, par leur conduite, trahissaient les enseignements de Nichiren.
En août de la même année, la Nichiren Shoshu expulsa Shin’ichi, qui cessa ainsi de figurer dans la liste de ses pratiquants laïcs. Les moines étaient déterminés à couper par tous les moyens possibles le maître du mouvement Soka de ses disciples. Cependant, les pratiquants ne se laissaient plus déstabiliser par de tels agissements.
Séparée de la Soka Gakkai, la Nichiren Shoshu vit le nombre de ses adhérents s’effondrer et elle se précipita inévitablement vers le déclin.
Après avoir excommunié la Soka Gakkai, le clergé arrêta de remettre des Gohonzon à ses membres. En réponse à cela, Sendo Narita, supérieur des moines du temple Joen-ji, dans la préfecture de Tochigi, qui avait quitté, avec son temple, la Nichiren Shoshu, suggéra que la Soka Gakkai utilise un Gohonzon transcrit par Nichikan Shonin [1665-1726, le 26e grand patriarche et restaurateur des enseignements de Nichiren]. Ce Gohonzon se trouvait dans son temple, et il proposa donc qu’il serve désormais de modèle pour reproduire les Gohonzon conférés aux membres.
En septembre 1993, des réunions du Comité exécutif de la Soka Gakkai, du Comité consultatif exécutif, de la Conférence exécutive du département d’étude, de la Conférence des responsables de préfecture et du Conseil des directeurs exécutifs furent organisées pour traiter de cette question. La Soka Gakkai décida alors d’accepter l’offre et de conférer ce Gohonzon aux pratiquants du monde entier. Elle agit ainsi, en tant qu’unique organisation qui se consacre à faire progresser kosen rufu selon le vœu de Nichiren, et en tant que communauté harmonieuse des pratiquants perpétuant le véritable héritage de la foi.
En 1995, en prétendant que le bâtiment ne pourrait pas résister à l’épreuve des tremblements de terre, la Nichiren Shoshu annonça qu’elle allait démolir le Grand Hall de réception, puis procéda effectivement à cette démolition. Par la suite, en juin 1998, elle détruisit le Sho-Hondo, cristallisation des dons sincères de huit millions de croyants. Nikken se mit à détruire les uns après les autres les bâtiments qui avaient été offerts au Temple principal, à l’initiative de Shin’ichi, et qui représentaient les réalisations de son prédécesseur Nittatsu lors de son mandat de grand patriarche.
Fin janvier 1992, en cette année de la renaissance Soka, Shin’ichi quitta le Japon pour se rendre dans les pays d’Asie voisins.
La guerre froide étant terminée, le moment était venu de jeter des ponts de paix dans le monde entier. Profondément motivé par ce projet, Shin’ichi ne pouvait pas se permettre de gaspiller un seul instant.
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Lors de son séjour en Thaïlande, Shin’ichi Yamamoto fut reçu par Sa Majesté le roi Bhumibol Adulyadej, au palais Chitralada, à Bangkok. La dernière fois que Shin’ichi avait eu cet honneur remontait à quatre ans. Leur dialogue porta sur la culture, la paix et les arts. Réputé pour ses qualités d’homme de culture, le roi Bhumibol avait une grande culture et érudition et un goût profond pour les arts.
La première fois qu’il fut reçu en audience, en 1988, Shin’ichi avait suggéré d’organiser une exposition des photographies du roi. Cette idée se concrétisa en 1989, et l’exposition eut lieu au musée d’art Fuji de Tokyo. Par la suite, elle fut présentée aux États-Unis et au Royaume-Uni, où elle bénéficia aussi d’un accueil enthousiaste.
Au cours de sa deuxième audience, Shin’ichi émit le souhait d’organiser un concert avec de la musique composée par le roi. Cette idée aboutit l’année suivante, en novembre 1993, à l’auditorium de l’université Soka, dans le cadre d’un événement spécial célébrant le 30e anniversaire de la première visite d’État au Japon du roi Bhumibol et de la reine Sirikit.
Durant sa troisième audience, en 1994, Shin’ichi proposa d’organiser une exposition spéciale présentant les peintures du roi Bhumibol, qui se tint plus tard à Tokyo, Nagoya et Osaka [en 1996].
Et, tout au long de son séjour en Thaïlande, Shin’ichi se consacra inlassablement à encourager les membres.
Le bouddhisme de Nichiren réside essentiellement dans notre aspiration à encourager les autres et dans nos actions en ce sens. Ses enseignements humanistes brillent avec éclat à travers le comportement de ceux qui les mettent en pratique.
Les membres de la Soka Gakkai-Thaïlande étaient fiers de l’amitié qui unissait le roi Bhumibol et Shin’ichi, et luttaient pour apporter une contribution positive à la société, en gagnant toujours davantage la confiance de leurs concitoyens. L’organisation se développa au fur et à mesure que ses membres élargissaient le cercle du bonheur à travers la Thaïlande, le « pays du sourire ».
Au cours de l’étape suivante de son voyage, Shin’ichi rencontra le président indien Ramaswamy Venkataraman et le vice-président Shankar Dayal Sharma, ainsi que d’autres personnalités éminentes. Parmi celles-ci figurait notamment Bishambhar Nath Pande, un disciple direct du Mahatma Gandhi, vice-président du Gandhi Smriti et Darshan Samiti [des musées situés dans deux lieux dédiés à la mémoire de Gandhi, grand instaurateur de l’indépendance de l’Inde et champion de la non-violence]. À l’invitation du musée Gandhi, Shin’ichi prononça un discours intitulé « Vers un monde sans guerre – le gandhisme et le monde moderne ».
Il participa également à un festival culturel organisé par les membres de la Bharat Soka Gakkai [Inde]. Tous s’étaient remarquablement développés, et une multitude de jeunes de valeur prenaient leur envol. Des membres du Népal, pays de naissance de Shakyamuni, s’étaient également joints à ce rassemblement, et Shin’ichi posa avec eux et d’autres pratiquants pour des photos de groupe.
Shin’ichi pressentait l’arrivée d’une nouvelle aube.