Volume 30 : Chapitre 6, Serment 41–50
Serment 41
Puisque ce sont les êtres humains qui font la guerre, il n’y a aucune guerre à laquelle les êtres humains ne puissent pas mettre un terme. Fort de cette conviction, Shin’ichi Yamamoto se rendit pour la deuxième fois en Chine. Le Premier ministre Zhou Enlai aspirait tant à le rencontrer que, sans tenir compte des objections de ses médecins, il le reçut à l’hôpital où il était soigné.
Shin’ichi sentit alors que son désir sincère de paix entre la Chine et l’Union soviétique avait manifestement touché le Premier ministre chinois.
Ce dernier était convaincu que le monde se dirigeait désormais vers une ère de l’amitié entre les peuples1.
Les années 1970 furent marquées par un apaisement graduel des tensions internationales mais, quand les forces armées soviétiques envahirent l’Afghanistan, en 1979, pour soutenir le régime favorable à l’Union soviétique en place dans ce pays, les nations occidentales condamnèrent sévèrement cette intervention. En signe de protestation, nombre d’entre elles boycottèrent les Jeux olympiques de Moscou, en 1980.
Les nations alliées à l’Union soviétique ripostèrent à leur tour en boycottant les Jeux olympiques de Los Angeles, en 1984, manifestant ainsi leur désapprobation face à l’invasion par les Américains de la Grenade, une petite île des Caraïbes, en 1983. C’était comme un retour vers des temps antérieurs, et l’on parla alors de « nouvelle guerre froide ».
Afin de surmonter l’impasse entre les deux parties, Shin’ichi poursuivit ses efforts de dialogue avec des personnalités de tout premier plan aux États-Unis et en Union soviétique. Il leur soumit plusieurs propositions concrètes, notamment le choix d’un lieu neutre comme la Suisse pour une rencontre au sommet entre leurs dirigeants.
Le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev joua un rôle crucial dans la fin de la guerre froide. En 1985, en tant que secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique, il mit en œuvre les nouvelles politiques de la glasnost (transparence) et de la perestroïka (restructuration), qui conduisirent son pays à un changement de cap audacieux. Il s’agissait de passer d’un système communiste strict à un système plus libéral.
Prônant l’avènement de la « nouvelle pensée », Gorbatchev chercha à améliorer les relations avec l’Occident. De plus, il proposa et mit en place des mesures de réduction des armements. En novembre 1985, la porte qui était restée close durant plus de six ans s’ouvrit de nouveau, et les dirigeants américains et soviétiques engagèrent des pourparlers à Genève. Quand Shin’ichi apprit cette nouvelle, il sentit que le moment était enfin venu. Le vœu qu’il chérissait depuis si longtemps s’était enfin réalisé.
Quand deux camps recherchent sérieusement la paix, il leur est possible de surmonter leurs différences et de parvenir à une entente, à l’image des rivières qui, bien que suivant un cours différent, se jettent toutes en définitive dans l’océan.
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Mikhaïl Gorbatchev prit la décision de retirer les troupes soviétiques d’Afghanistan, où les combats s’étaient enlisés.
En décembre 1987, les États-Unis et l’Union soviétique signèrent un traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), un événement qui fait date dans l’histoire militaire.
Les réformes en cours en Union soviétique s’étendirent à d’autres nations d’Europe de l’Est, soulevant un vent de liberté et de démocratie, qui précipita la chute des gouvernements communistes de Pologne, de Hongrie, de Tchécoslovaquie et d’autres pays. C’est ce que l’on a appelé les révolutions de 1989.
L’Allemagne de l’Est était en retard en matière de réforme et ses habitants continuaient à fuir vers l’Ouest. Puis, le 9 novembre 1989, un porte-parole du Gouvernement annonça, lors d’une conférence de presse, que les citoyens étaient dorénavant libres de voyager en dehors de leur pays. C’était en fait une erreur, car il était censé dire dans son annonce que les demandes de visas pour quitter l’Allemagne de l’Est seraient acceptées dès le lendemain, 10 novembre.
Les Allemands de l’Est se précipitèrent alors aux postes de contrôle frontaliers, que les gardes furent finalement contraints d’ouvrir, et la foule afflua à Berlin-Ouest. En même temps, les gens commencèrent à détruire le mur qui divisait leur ville. Cette marée montante de la liberté et de la démocratie semblait historiquement inéluctable.
Au début du mois de décembre 1989, le président américain, George H. W. Bush, et le secrétaire général soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, se retrouvèrent pour une réunion au sommet sur l’île de Malte.
Ils organisèrent en cette occasion la première conférence de presse commune des dirigeants de leur nation et annoncèrent le début d’une « nouvelle période de paix », marquant ainsi la fin de la guerre froide.
Le 22 décembre, la porte de Brandebourg, qui était devenue le symbole de la division allemande, fut ouverte.
En apprenant cette nouvelle par la télévision, Shin’ichi Yamamoto se souvint de son voyage à Berlin, en octobre 1961. La pluie venait tout juste de s’arrêter et il se tenait alors, avec ceux qui l’accompagnaient, devant cette même porte de Brandebourg : « Je suis sûr, leur avait-il dit, que ce mur de Berlin ne tiendra pas trente ans. »
Shin’ichi exprimait ainsi sa conviction que la conscience, la sagesse et le courage de ceux qui aspirent à la paix finiraient par triompher. Il affirmait aussi sa détermination, en tant que bouddhiste, à consacrer sa vie à la réalisation de la paix dans le monde. Et là, vingt-huit ans plus tard, c’était devenu une réalité. L’époque avait fait un grand pas en avant.
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Mikhaïl Gorbatchev avait lancé des initiatives en matière de désarmement, pris des mesures pour reconstruire l’économie soviétique et mis en œuvre des réformes politiques pour promouvoir la démocratisation. Par ailleurs, il avait supervisé les amendements à la Constitution visant à créer une présidence exécutive et à passer d’un régime dictatorial à parti unique à un système politique multipartite. En mars 1990, il devint officiellement le premier président de l’Union soviétique. La même année, il reçut également le prix Nobel de la paix pour son immense contribution à la paix.
Gorbatchev avait prévu les difficultés et la confusion que provoquerait son expérience sociale historique, la nouvelle politique de réforme de la perestroïka.
Lors de sa première rencontre avec Shin’ichi Yamamoto, il lui dit : « Notre société a une histoire unique. Environ cent vingt langues sont parlées en Union soviétique, et le nombre de groupes ethniques est encore plus important. Notre société est extrêmement complexe. La première chose que la perestroïka a apportée, c’est la liberté. Mais le défi qui nous attend maintenant est de savoir comment utiliser cette liberté. »
Quelqu’un qui est resté longtemps confiné dans l’obscurité sera ébloui par la lumière du soleil lorsqu’il sortira pour la première fois. De même, on peut s’attendre à ce que des êtres humains vivant dans une société dépourvue de liberté et de démocratie se sentent désorientés lorsque ces libertés leur sont accordées. Diverses forces au sein de la société se mettent alors à faire valoir leurs exigences et cherchent à promouvoir leurs propres intérêts.
Les appréhensions de Gorbatchev se révélèrent justifiées. Des conflits ethniques éclatèrent dans tout le pays et la stagnation économique rendit toute évolution encore plus difficile. Décidés à préserver leurs privilèges, les bureaucrates cherchèrent à évincer Gorbatchev, tandis que les partisans d’une réforme plus radicale profitèrent de leurs nouvelles libertés pour l’attaquer, en déclarant qu’il n’allait pas assez loin.
Plusieurs républiques soviétiques s’éloignèrent de l’Union soviétique et les trois États baltes – Estonie, Lettonie et Lituanie – préparèrent leur indépendance. L’époque fut agitée par des soubresauts, qui dépassèrent de loin tout ce que Gorbatchev avait prévu.
En juin 1991, Boris Eltsine, partisan de la réforme radicale, fut élu président de la République russe.
Mais, en août, une faction communiste dure, opposée à la réforme, mena un coup d’État, et plaça Gorbatchev en résidence surveillée dans la maison de Crimée où il séjournait.
Au cœur des vagues furieuses engendrées par des changements historiques, Shin’ichi pria pour la libération et la sécurité de Gorbatchev.
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Le président russe Boris Eltsine lança un appel pour que le coup d’État formenté par les dirigeants qui soutenaient la ligne dure échoue et, grâce à l’appui du peuple favorable à la démocratisation, le coup d’État fut finalement déjoué.
Après sa libération, Mikhaïl Gorbatchev retourna à Moscou et découvrit alors que le pouvoir était en train de passer entre les mains d’Eltsine. Cette tendance s’accentua encore par la suite.
En août 1991, Gorbatchev démissionna de son poste de secrétaire général du Parti communiste et demanda la dissolution du Comité central du Parti. En septembre, le Conseil d’État de l’Union soviétique reconnut l’indépendance des trois États baltes. En décembre, Eltsine, en tant que dirigeant de la Russie, et les dirigeants de l’Ukraine et de la Biélorussie annoncèrent la formation d’une Communauté des États indépendants (CEI) pour remplacer l’Union soviétique. Onze républiques soviétiques signèrent l’accord fondateur, officialisant ainsi la fin de l’Union soviétique, et Gorbatchev démissionna de son poste de président.
Soixante-quatorze ans après la Révolution russe, l’Union soviétique, qui avait pris la tête du bloc des nations de l’Est, finit par disparaître, balayée par les puissants courants de l’Histoire.
Premier et dernier président de l’Union soviétique, Gorbatchev fut sévèrement critiqué, mais sa détermination et ses actions avaient fait souffler une nouvelle brise de liberté et de démocratie sur l’Union soviétique et sur l’Europe de l’Est. Il était à l’origine d’un tournant historique.
Peu après la démission de Gorbatchev, son ami proche, l’écrivain Tchinguiz Aïtmatov, ardent partisan de la perestroïka, écrivit une lettre à Shin’ichi Yamamoto. Il y décrivait la parabole qu’il avait offerte à Gorbatchev pour illustrer l’engagement de ce dernier en faveur de la perestroïka.
Lors du lancement de son mouvement de réforme démocratique, salué alors comme historique, Gorbatchev avait invité Aïtmatov au Kremlin. C’est au cours de leur rencontre qu’Aïtmatov lui avait transmis cette parabole.
Un jour, un prophète rend visite à un grand seigneur. « Est-il vrai, lui demande-t-il, que vous vous souciez du bonheur des personnes ordinaires et que vous souhaitez leur accorder une liberté et une égalité totales ? » Le seigneur confirme, et le prophète lui dit alors : « Deux voies, deux destinées, deux possibilités pour l’avenir s’offrent à vous, et vous êtes libre de choisir l’une ou l’autre. »
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L’une des deux voies que le prophète présenta au souverain consistait à gouverner par la force pour consolider le pouvoir du trône. S’il agissait ainsi, alors, en tant qu’héritier du trône, il acquerrait un pouvoir inégalé et jouirait des privilèges liés à son statut.
La seconde voie consistait à donner la liberté à son peuple. Mais il s’agissait là de la difficile voie du martyr. Le prophète en expliqua la raison en ces termes : « Après avoir donné la liberté au peuple, vous n’aurez droit en retour qu’à une sombre ingratitude.
« Ceux qui obtiennent leur liberté, poursuivit-il, se vengeront de leurs souffrances passées dès qu’ils seront libérés. Ils vous dénonceront aux masses, vous insulteront en public, vous ridiculiseront et se moqueront de vous et de votre entourage.
« Un grand nombre de collaborateurs à qui vous faites confiance vous critiqueront ouvertement et refuseront de suivre vos instructions. Jusqu’à la fin de vos jours, vous ne serez jamais libéré des ambitions de vos associés, qui essaieront continuellement de vous humilier et de salir votre nom.
« Grand souverain, vous êtes libre de choisir entre ces deux destins. »
Le souverain demanda au prophète de lui laisser le temps de réfléchir et lui annonça qu’il prendrait sa décision dans sept jours.
Après avoir raconté cette parabole, Aïtmatov s’apprêtait à partir, mais Gorbatchev lui dit alors :
« Je n’ai pas besoin de sept jours, ni même de sept minutes. J’ai déjà fait mon choix. Je continuerai de suivre la voie que j’ai ouverte, quoi qu’il arrive. La démocratie, la liberté et la libération des horreurs du passé et de toutes les formes de dictature – là se trouve à mes yeux la seule voie. Les gens seront libres de me juger comme ils le voudront.
« Même si la plupart d’entre eux ne me comprennent pas aujourd’hui, je suis déterminé à suivre cette voie », conclut Gorbatchev.
La lettre adressée par Tchinguiz Aïtmatov à Shin’ichi Yamamoto, dans laquelle figurait cette histoire, permettait de comprendre pleinement combien l’engagement de Gorbatchev en faveur de la perestroïka était extraordinaire.
Les personnes qui se soucient uniquement de protéger leurs propres intérêts et qui ont soif de gloire et de profit ne peuvent pas mener à bien de véritables réformes. La grande entreprise de kosen rufu sera elle aussi réalisée par des personnes à l’engagement résolu.
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Après l’effondrement de l’Union soviétique, la République de Russie dirigée par Boris Eltsine devint la Fédération de Russie et hérita des droits et privilèges internationaux de l’ancienne Union soviétique. Toutefois, de nombreuses difficultés se profilaient à l’horizon, notamment une grave crise économique.
Les pays du bloc de l’Est accédèrent à la liberté, mais des conflits ethniques et régionaux éclatèrent en Yougoslavie, en Azerbaïdjan, en Arménie, et même en Tchétchénie, à l’intérieur de la Russie, et ailleurs. Les actes terroristes devinrent également plus fréquents.
De plus, avec la fin de la guerre froide, les tensions suscitées par des facteurs ethniques, religieux et économiques s’ancrèrent toujours plus profondément, et les conflits régionaux s’étendirent partout dans le monde.
La voie vers la paix est périlleuse – c’est pourquoi nous ne devons jamais interrompre notre progression dans ce sens.
Dans ses propositions pour la paix publiées chaque année le 26 janvier, Jour de la SGI, Shin’ichi Yamamoto plaida avec insistance pour l’établissement d’un ordre mondial de l’après-guerre froide, impliquant notamment la création d’un système international et de règles visant à réaliser la paix, sous la direction des Nations unies.
Il estimait aussi que, afin d’inaugurer une nouvelle ère, il fallait dissiper le désespoir, le cynisme et la suspicion qui obscurcissaient l’esprit des êtres humains, qui recherchaient la paix, la démocratie et la liberté.
Pour cela, des voies de dialogues francs et ouverts devaient être ouvertes à tous les niveaux. Cela revenait non seulement à rechercher un moyen de traiter les symptômes de la maladie qui affectait l’époque, mais aussi à engager des efforts encore plus intenses pour trouver un remède fondamental afin d’en traiter les causes.
Shin’ichi rencontra Mikhaïl Gorbatchev à plusieurs reprises, après la démission de ce dernier de la présidence de l’Union soviétique.
En avril 1993, M. Gorbatchev se rendit au Japon avec son épouse Raïssa. L’université Soka lui remit un doctorat honoris causa, et la faculté des jeunes femmes Soka conféra à son épouse sa plus haute distinction. M. Gorbatchev prononça ce jour-là un discours à l’auditorium de l’université.
En 1996, une compilation des dialogues entre Shin’ichi Yamamoto et Mikhaïl Gorbatchev fut publiée sous le titre Dialogue pour la paix.
En novembre 1997, M. et Mme Gorbatchev visitèrent les collège et lycée Soka du Kansai.
Grâce à la persévérance, l’amitié s’enracine plus profondément et s’épanouit avec toujours plus d’éclat.
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En réponse aux attaques sans fondement contre la Soka Gakkai venues des moines du groupe Shoshin-kai, Shin’ichi Yamamoto lança une série de nouvelles initiatives pour kosen rufu. Les membres de la Soka Gakkai y puisèrent leur inspiration afin de repartir de l’avant avec joie. Le courant de kosen rufu s’était répandu et développé régulièrement, en prenant un nouvel élan mois après mois, année après année, au point de devenir aussi vigoureux qu’un fleuve puissant.
Cependant, le chemin de kosen rufu est toujours escarpé et difficile, et il faut surmonter toutes sortes d’épreuves et d’obstacles pour continuer d’avancer.
Shin’ichi lui-même connut de nombreuses épreuves personnelles. Le 3 octobre 1984, son deuxième fils, Hisahiro, mourut subitement à cause d’une maladie. Il n’avait que 29 ans.
Hisahiro avait obtenu une maîtrise en droit à l’université Soka et, après son diplôme, il avait rejoint les rangs du personnel de l’université, motivé par son désir de protéger la citadelle de l’éducation Soka pour les générations futures.
Le 23 septembre, Hisahiro était sur le campus pour préparer divers événements à venir. Par la suite, il se plaignit de douleurs à l’estomac et fut hospitalisé. On rapporte que, la veille de son décès, depuis l’hôpital, il put encore discuter par téléphone du programme du festival de l’université Soka avec d’autres membres du personnel.
Hisahiro avait souvent parlé à ses amis de son rêve de faire de l’université Soka une université de premier plan à l’échelle mondiale, qui s’inscrirait dans l’Histoire. Il fallait pour cela, disait-il, qu’apparaissent des personnes vraiment dévouées, prêtes à tout donner pour atteindre cet objectif, et il était déterminé à être l’une d’elles.
Shin’ichi était alors au Kansai pour participer à la cinquième réunion générale de la SGI et à d’autres activités. Il se consacrait jour après jour à encourager les pratiquants.
Le soir du 3 octobre, au centre culturel du Kansai, lorsqu’il apprit le décès de Hisahiro, il offrit des prières pour le bonheur éternel de son fils. Bien que Hisahiro soit mort si jeune, Shin’ichi était convaincu qu’il avait vécu sa vie exactement comme il l’avait décidé, en faisant tout son possible pour accomplir sa mission.
Shin’ichi pensait que la mort de son fils devait avoir une signification profonde.
Il faut s’attendre à ce que toutes sortes de difficultés surgissent au cours de notre lutte pour kosen rufu. Une foi authentique nous permet d’affronter tout ce qui nous arrive, sans peur ni doute. En saisissant en profondeur la véritable nature de tous les événements douloureux grâce aux yeux de la foi, nous pouvons surmonter tous les obstacles.
Le chemin de kosen rufu est une longue suite de luttes dont nous ne pouvons jamais nous retirer. En avoir conscience et incarner le principe selon lequel « les difficultés sont la paix et la sérénité » (cf. OTT, 115), voilà ce que signifie appliquer les enseignements de Nichiren dans notre vie. C’est l’esprit même de la Soka Gakkai.
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En octobre 1985, Shin’ichi Yamamoto tomba aussi malade et fut admis dans un hôpital universitaire pour des examens médicaux approfondis.
Il avait souffert de tuberculose durant sa jeunesse, et son médecin de l’époque lui avait dit qu’il n’atteindrait probablement pas l’âge de 30 ans, mais, depuis, il avait passé ses journées à agir jusqu’à l’épuisement, sans jamais se ménager. Même après avoir quitté sa fonction de président de la Soka Gakkai, il avait voyagé autour du monde et était, en fait, encore plus occupé qu’auparavant. À un moment donné, le président de la Soka Gakkai, Eisuke Akizuki, tomba également malade, et Shin’ichi prit la situation en main, en déployant encore davantage d’énergie pour soutenir les pratiquants.
Il se rendit compte qu’il allait avoir bientôt 58 ans, l’âge de son maître, Josei Toda, lorsqu’il était décédé. Par ailleurs, en réalisant que son successeur immédiat à la présidence de la Soka Gakkai, Kiyoshi Jujo, était également décédé à 58 ans, Shin’ichi renouvela ainsi sa détermination : « J’ai une mission pour le kosen rufu mondial qui m’a été confiée par mon maître. Je ne peux donc pas me permettre d’être malade. Je dois vivre pleinement ma vie par égard pour mon maître et jeter les fondations durables de notre mouvement mondial pour kosen rufu ! »
Shin’ichi réfléchit alors à de nouveaux projets pour l’avenir de kosen rufu, tout en reconnaissant l’importance de prendre soin de sa santé.
La vie est une lutte acharnée contre notre destin.
Il se peut que nous ayons perdu des êtres chers ou que nous soyons nous-mêmes malades. Nous pouvons être aux prises avec des conflits familiaux, souffrir des difficultés rencontrées par nos enfants ou connaître le chômage, la faillite ou des difficultés financières. Les difficultés nous assaillent sans cesse, comme des vagues furieuses qui nous heurtent les unes après les autres. C’est pour cela que nous pratiquons le bouddhisme de Nichiren, c’est pour cela que nous devons nous renforcer. Il n’y a pas de destin que nous ne pouvons pas surmonter par la foi.
Plus nous poursuivons notre lutte, sans jamais nous laisser vaincre par les difficultés, plus notre esprit se forge, se fortifie et gagne en profondeur, et plus nous cultivons ainsi nos capacités à relever n’importe quel défi. En même temps, cela nous permet d’élargir notre état de vie et, ainsi, de mieux comprendre les souffrances et peines des autres, de compatir avec ceux qui luttent, de les soutenir et de les encourager sincèrement.
Quand nous menons notre existence sans nous laisser décourager par la souffrance, en affrontant sans crainte nos problèmes et en allant de l’avant, nous montrons l’immense puissance du bouddhisme de Nichiren. En d’autres termes, lorsque nous consacrons notre vie à kosen rufu, notre karma se transforme en noble mission, et nos problèmes deviennent de précieux trésors du cœur.
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Shin’ichi Yamamoto continua de lutter de tout cœur pour le kosen rufu mondial. Il n’y avait pas de temps à perdre.
Au Japon, se poursuivait le procès de Tomomasa Yamawaki [un ancien conseiller juridique de la Soka Gakkai], arrêté [en 1981] pour chantage et tentative de chantage sur la Soka Gakkai. Shin’ichi était intervenu comme témoin à charge en octobre 1982, puis, de nouveau, en 1983. Le tribunal du district de Tokyo rendit sa décision en mars 1985.
Yamawaki fut condamné à trois ans de prison ferme, avec obligation de travail. Pour expliquer cette sentence, le tribunal déclara : « Compte tenu de l’importante somme d’argent en jeu, mais aussi de la violation par M. Yamawaki de son devoir de confidentialité en tant qu’avocat, on peut considérer ce délit comme un grave abus de confiance. » Par ailleurs, le tribunal décrivit les méthodes honteuses et malveillantes de Yamawaki. Il constata que, « de connivence avec les moines hostiles à la Soka Gakkai, dont il soutenait les attaques, il s’efforça de monter l’opinion publique contre la Soka Gakkai, en se servant de la presse à scandale ». Il avait également proféré des menaces contre l’organisation laïque, qui n’aspirait pourtant qu’à des relations harmonieuses avec le clergé.
Le tribunal rapporta également les stratagèmes malhonnêtes adoptés par Yamawaki au cours de son procès, et conclut : « Le prévenu a non seulement nié les accusations dès le début de l’enquête, mais il a aussi inventé de nombreuses histoires et falsifié délibérément des documents censés servir de preuves. De plus, il n’a manifesté aucun remords […] La nature du délit est donc grave et le prévenu est lourdement coupable. »
L’énoncé du jugement contenait à plusieurs reprises l’expression « le témoignage du prévenu n’est pas crédible », indiquant clairement par là que Yamawaki avait multiplié les mensonges durant son procès.
Ce dernier fit immédiatement appel du jugement, mais celui-ci fut confirmé par la Haute Cour de Tokyo [en 1988]. Il forma alors un pourvoi devant la Cour suprême. En janvier 1991, toutefois, la Cour rejeta son pourvoi, confirmant ainsi sa peine de trois ans de prison.
La Soka Gakkai avait initialement déposé une plainte auprès du Département de la police métropolitaine de Tokyo, en juin 1980, et Yamawaki avait été arrêté en janvier 1981. Dix ans s’étaient écoulés depuis.
Aucun complot ou conspiration qui tente d’entraver nos efforts pour réaliser kosen rufu ne peut arrêter l’essor de la Soka Gakkai. Comme l’écrit Nichiren : « Aussi nombreux que soient les maux, ils ne peuvent l’emporter sur une grande vérité […]. » (Écrits, 622)
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Shin’ichi Yamamoto consacrait toute son énergie à faire naître un élan toujours plus puissant en faveur de la paix dans le monde. En se fondant sur les enseignements de Nichiren, il surmontait les uns après les autres tous les obstacles rencontrés en chemin.
Il ne ménagea pas non plus ses efforts afin de promouvoir des relations harmonieuses entre la Soka Gakkai et le clergé, et il lutta de toutes les façons possibles afin de soutenir la Nichiren Shoshu pour le bien de kosen rufu.
Après la cérémonie de célébration en 1981 du 700e anniversaire de la mort de Nichiren (en 1282), le clergé consacra toute son attention aux préparatifs d’une cérémonie grandiose pour le 700e anniversaire de la fondation du Temple principal, le Taiseki-ji, prévue pour l’automne 1990, afin d’en faire un grand succès.
Au début du mois de janvier 1984, à la demande expresse du grand patriarche Nikken, Shin’ichi fut de nouveau nommé représentant principal de l’ensemble des organisations laïques de la Nichiren Shoshu [après avoir démissionné de ce poste en 1979].
En mars, lors d’une réunion de préparation des cérémonies commémorant le 700e anniversaire du Temple principal, Shin’ichi annonça l’objectif de la Soka Gakkai de faire construire deux cents nouveaux temples pour la Nichiren Shoshu au cours des dix prochaines années : « En accord avec la déclaration de Nichiren, “Le ‘grand vœu’ désigne la propagation du Sûtra du Lotus” (OTT, 82), je soumets en toute modestie notre proposition de construire de nouveaux temples en vue d’assurer la transmission éternelle de la Loi et de réaliser kosen rufu.»
Le don de ces temples était l’expression du souhait sincère de la Soka Gakkai de maintenir des relations harmonieuses durables entre les moines et les laïcs.
En octobre 1985, le grand patriarche Nikken nomma Shin’ichi président du comité des célébrations du 700e anniversaire du Temple principal. Shin’ichi se consacra de tout cœur aux préparatifs, déterminé à faire de cet événement un succès retentissant.
La Soka Gakkai déploya une énergie prodigieuse pour ériger deux cents temples comme elle l’avait promis. La progression était déjà significative en décembre 1990, avec l’achèvement de cent onze nouveaux temples.
Shin’ichi nourrissait l’espoir que les moines sauraient sincèrement apprécier et chérir les membres de la Soka Gakkai, qui luttaient jour après jour pour kosen rufu.
Nichiren écrit : « Si vous avez le même esprit que Nichiren, vous devez être un bodhisattva surgi de la Terre. » (cf. Écrits, 389). Les membres de la Soka Gakkai qui œuvrent inlassablement à transmettre la Loi merveilleuse, comme Nichiren l’a enseigné, sont des bodhisattvas surgis de la Terre et des enfants du Bouddha. Le passage du Sûtra du Lotus qui affirme « tu devras te lever et le saluer de très loin, en lui montrant autant de respect que s’il s’agissait d’un bouddha » (SdL-XXVIII, 303 et Écrits, 762) correspond à l’esprit même de Nichiren.
Il est essentiel de louer, de soutenir et d’encourager les enfants du Bouddha pour le développement de kosen rufu.
- *1Traduit du Japonais. Zhou Enlai, Shu Onrai Senshu (Écrits choisis de Zhou Enlai), Tokyo, Chugoku Shoten, 1978, p. 700.