Partie 2 : La révolution humaine. Chapitre 15
« La foi pour surmonter les obstacles » [15.11]
15.11 Les difficultés sont l’occasion de transformer notre karma
Le président Ikeda explique le principe bouddhique consistant à « changer le poison en remède » et nous encourage à considérer les difficultés comme autant d’occasions de transformer notre karma.
Laissons-nous les difficultés nous submerger ou les combattons-nous jusqu’à la victoire ? Telle est la clé, dans cette lutte qui se joue sur le plan tant individuel que des sociétés.
Le principe bouddhique de « changer le poison en remède1 » a édifié la scène sur laquelle les êtres humains interprètent joyeusement le drame de la transformation intérieure. Non seulement ils peuvent surmonter les épreuves auxquelles ils sont confrontés, mais ils sont aussi capables de transformer radicalement les circonstances défavorables et d’élever leur état de vie jusqu’à de nouveaux sommets.
S’appuyant sur le Traité de la grande perfection de sagesse [de Nagarjuna] et le Sens profond du Sûtra du Lotus de Tiantai, Nichiren encourage les êtres humains vivant à l’époque troublée de la Fin de la Loi : « Que signifie changer le poison en remède ? Cela veut dire transformer les trois voies2 [désirs terrestres, karma et souffrance] en trois vertus du Corps du Dharma, de la sagesse et de l’émancipation3. » (WND-II, 743) En d’autres termes, le pouvoir suprême de Nam-myoho-renge-kyo nous permet de transformer n’importe quelle illusion, karma ou souffrance en bouddhéité, sagesse et bienfait. Il n’y a pas de karma négatif que nous ne puissions transformer. C’est là une immense source d’espoir. Aussi, il est inutile de se lamenter ou de perdre espoir.
Les deux frères Ikegami souffrirent du fait que leur père déshérita l’aîné sous prétexte qu’il avait foi dans le Sûtra du Lotus. Shijo Kingo, quant à lui, se vit menacé de voir ses terres confisquées par son seigneur. Les mensonges et les intrigues des moines haineux étaient à l’origine de ces évolutions et menaçaient, dans la société féodale de l’époque, les ressources vitales de ces disciples.
Nichiren, cependant, fit ces recommandations aux frères Ikegami : « Vous devez persévérer à travers cette épreuve et constater par vous-mêmes les bienfaits du Sûtra du Lotus. » (Écrits, 501) Il encouragea par ailleurs Shijo Kingo : « […] un grand désastre se changera inévitablement en grande bonne fortune. » (Écrits, 832)
Nichiren va au-delà des questions immédiates de l’annulation du déshéritement ou de la restitution des terres, révélant la voie qui conduit directement de la pire situation possible au plus haut sommet de la victoire.
Les frères Ikegami suivirent ses conseils et finirent par surmonter l’opposition farouche de leur père. Ils lui permirent même d’adopter les enseignements de Nichiren et créèrent l’harmonie familiale, qui leur assura une prospérité durable.
Shijo Kingo apporta lui aussi une preuve manifeste du pouvoir de la foi. Il surmonta les préjugés de son seigneur et gagna sa confiance et son soutien. On finit également par faire son éloge dans tout Kamakura : « Personne n’arrive à la hauteur de Nakatsukasa Saemon-no-jo [Shijo Kingo] », ou encore « Ah, c’est un homme formidable […] ! » (WND-II, 730)
Dans les régions du nord du Japon, après le froid glacial de l’hiver, le printemps resplendit de toutes ses forces. De même, les disciples qui persévèrent à travers les hivers les plus rudes grâce à leur foi courageuse, avec le même esprit que leur maître, savoureront un éclatant printemps de victoires, qui dépassera même tout ce qu’ils ont pu imaginer. Tel est le sens ultime de « changer le poison en remède ».
Un jour, le président Toda encouragea en ces termes un pratiquant qui rencontrait des problèmes : « Lorsque les difficultés apparaissent, réjouissez-vous ! C’est le moment de prouver le pouvoir de la foi. C’est l’occasion de transformer votre karma. Le bouddhisme enseigne la loi immuable de “changer le poison en remède”. Vous pourrez vous remettre de toutes vos pertes en obtenant de grands bienfaits, dix fois ou cent fois supérieurs. »
C’est le destin douloureux de la société humaine, minée et terrorisée par les innombrables poisons présents dans le monde, que d’être piégée dans le cycle sans fin de la confusion et du malheur. Notre mouvement Soka se consacre à la transmission des principes humanistes du bouddhisme de Nichiren en faveur de la paix et de la prospérité de toute l’humanité. En cela, il est engagé dans une lutte sans merci pour changer le poison en remède et crée librement des valeurs pour le bonheur des êtres humains, en protégeant la dignité de la vie et la paix mondiale.
D’après l’éditorial intitulé « Le drame joyeux de changer le poison en remède », publié en japonais dans le Daibyakurenge en avril 2010
La sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.
- *1Changer le poison en remède : principe selon lequel les désirs terrestres et les souffrances peuvent être transformés en bienfaits et en illumination par le pouvoir de la Loi merveilleuse. Cette expression se trouve dans un passage du Traité de la grande perfection de sagesse, dans lequel il est question d’« un grand médecin qui peut changer le poison en remède ».
- *2Trois voies des désirs terrestres, karma et souffrance : on les appelle « voies » parce que l’une mène à l’autre. Les désirs terrestres, qui comprennent l’avidité, la colère, la stupidité, l’arrogance et le doute, inspirent des actions qui créent un mauvais karma. L’effet de ce mauvais karma se manifeste alors sous forme de souffrance. La souffrance aggrave les désirs terrestres, menant à des actions encore plus malencontreuses, ce qui en retour engendre encore plus de mauvais karma et de souffrance. Ainsi, le fonctionnement des trois voies empêche les êtres humains d’atteindre la bouddhéité.
- *3Trois vertus du Corps du Dharma, de la sagesse et de l’émancipation : vertus détenues par un bouddha. Le Corps du Dharma est la vérité à laquelle un bouddha s’est éveillé – ou réalité ultime de tous les phénomènes ; la sagesse est la capacité de s’éveiller à cette vérité ; et l’émancipation est l’état où l’on est libéré des souffrances des naissances et des morts.