Partie 1 : Le bonheur. Chapitre 3
La pratique pour transformer notre état de vie [3.4]
3.4 La composition et le pouvoir du Gohonzon
Le président Ikeda explique ici la signification et la composition du Gohonzon en se fondant sur des extraits des écrits de Nichiren et du Sûtra du Lotus.
Nichiren déclare que le Gohonzon qu’il a inscrit correspond à « la bannière de la propagation du Sûtra du Lotus ». (Écrits, 839) Autrement dit, il s’agit de l’objet de vénération pour l’accomplissement de kosen rufu – c’est-à-dire la large transmission de la Loi merveilleuse. Dans La composition du Gohonzon, il indique :
« Qu’il est merveilleux que, un peu plus de deux cents ans après l’entrée dans l’époque de la Fin de la Loi, j’ai été le premier à révéler ce grand mandala [le Gohonzon de Nam-myoho-renge-kyo], bannière de la propagation du Sûtra du Lotus, alors que des personnes comme [les moines bouddhistes érudits indiens] Nagarjuna et Vasubandhu, [ou les grands maîtres de la Chine] Tiantai et Miaole n’ont pas pu le faire. » (Écrits, 839)
La Soka Gakkai perpétue l’esprit de Nichiren en propageant « l’objet de vénération pour kosen rufu » que Nichiren inscrivit pour le bonheur de tous les êtres humains de l’époque de la Fin de la Loi alors qu’il endurait lui-même de graves persécutions.
Nichiren élabore le Gohonzon en prenant pour modèle la Cérémonie dans les airs1 telle qu’elle est décrite dans le Sûtra du Lotus lorsque le chapitre « La durée de la vie de l’Ainsi-Venu » (16e) est exposé. Le chapitre « La durée de la vie de l’Ainsi-Venu » révèle l’éternité de la Loi merveilleuse sur trois plans : l’éternité du Bouddha (effet originel), l’éternité des êtres vivants (cause originelle) et l’éternité de la Terre (Terre pure) [l’effet originel, la cause originelle et la Terre pure forment ce que l’on appelle les « trois principes mystiques »].
La signification de la Cérémonie dans les airs devient explicite avec l’intégration des trois principes mystiques dans le chapitre « La durée de la vie de l’Ainsi-Venu ». Cette cérémonie révèle sur le plan symbolique que le Bouddha, les êtres vivants et la Terre sont tous des entités de la Loi merveilleuse éternelle. En d’autres termes, la Loi merveilleuse éternelle imprègne l’univers dans son ensemble. Nichiren a traduit cette Loi par Nam-myoho-renge-kyo.
Nichiren décrit en détail la composition du Gohonzon dans L’objet de vénération pour observer l’esprit.
Le véritable objet de vénération est décrit comme suit :
« [La] Tour aux trésors repose dans les airs au-dessus du monde saha que le Bouddha de l’enseignement essentiel [a reconnu comme la Terre pure et éternelle]. Myoho-renge-kyo apparaît au centre de la Tour avec les bouddhas Shakyamuni et Maints-Trésors assis à droite et à gauche, eux-mêmes encadrés par les quatre bodhisattvas, compagnons de Shakyamuni, et dirigés par Pratiques-Supérieures. Manjusri, Maitreya, et les autres bodhisattvas, tous compagnons des quatre bodhisattvas, sont assis au-dessous. Tous les autres bodhisattvas du plus grand au plus petit, qu’ils soient disciples du Bouddha dans son statut transitoire ou des bouddhas des autres mondes, sont pareils à des gens ordinaires, agenouillés devant des nobles ou des hauts dignitaires de la Cour. Les bouddhas, qui se sont réunis, venant des dix directions, demeurent tous sur le sol, montrant ainsi qu’ils ne sont que des manifestations temporaires du bouddha éternel et que leurs terres sont transitoires et non pas éternelles. » (Écrits, 370)
Dans sa forme, le Gohonzon représente une structure à plusieurs niveaux, la Tour aux trésors de Nam-myoho-renge-kyo étant son axe central. Nam-myoho-renge-kyo placé au centre désigne la vérité fondamentale, et, puisque cette Loi, Nam-myoho-renge-kyo, est l’axe central de la vie et de l’univers, elle se manifeste par la Tour aux trésors qui s’élève au milieu de la Cérémonie dans les airs.
De chaque côté se trouvent les bouddhas Shakyamuni et Maints-Trésors, qui représentent les fonctions de Myoho-renge-kyo. (cf. Écrits, 387) Maints-Trésors est le bouddha du passé, il incarne la vérité éternelle et représente la Loi en tant qu’objet de la sagesse, ou ce que la sagesse perçoit. Shakyamuni est le bouddha du présent et représente la sagesse permettant de percevoir la Loi. Ce sont là, en effet, deux aspects de Nam-myoho-renge-kyo. Le fait que ces deux bouddhas soient assis côte à côte représente la « fusion de la réalité et de la sagesse2 ».
Le point important est que nous ne fassions pas de Shakyamuni ou de Maints-Trésors notre objet de culte. Tous deux sont devenus bouddhas grâce à Nam-myoho-renge-kyo. La Loi fondamentale permettant de révéler la bouddhéité, Nam-myoho-renge-kyo, sera toujours notre objet de vénération. Sur le plan graphique, cela apparaît clairement sur le Gohonzon avec Nam-myoho-renge-kyo inscrit au centre, en gros caractères, Shakyamuni et Maints-Trésors étant disposés de chaque côté.
Éveillés à Nam-myoho-renge-kyo, les bouddhas mènent infailliblement des actions de bodhisattva pour conduire tous les êtres humains à l’illumination. Les quatre bodhisattvas – Pratiques-Supérieures, Pratiques-Sans-Limites, Pratiques-Pures, Pratiques-Solidement-Établies – sont des représentations de ces actions de bodhisattva.
Ces quatre bodhisattvas, qui sont les guides des bodhisattvas surgis de la Terre3, ont tous le mot « Pratiques » dans leur nom [conformément au caractère chinois qui signifie « pratique » ou « action »], car la sagesse de leur éveil se manifeste à travers l’action. Autrement dit, ils mènent des actions « supérieures », « sans limites », « pures » et « inébranlables », en se fondant sur une force vitale infinie, indissociable de la Loi merveilleuse.
On peut dire qu’ils correspondent aux quatre nobles vertus de la bouddhéité – un état de vie qui est immuable (éternité), bien ancré (véritable soi), revigoré (pureté) et joyeux (bonheur).
Les bodhisattvas surgis de la Terre, qui manifestent le pouvoir inhérent de la vie, cherchent à protéger et à libérer de la souffrance tous les êtres vivants et le monde entier.
Nichiren affirme que tous les autres bodhisattvas, les principaux comme les moins importants, de l’enseignement théorique et ceux des autres terres, ne s’élèvent pas dans les airs, mais restent « au sol ». On peut dire que ces bodhisattvas représentent diverses pratiques altruistes ou actions concrètes entreprises pour propager l’illumination à toute l’humanité en fonction des réalités propres à chacun.
Ces bodhisattvas sont innombrables et ne peuvent donc pas être tous représentés dans le Gohonzon. Néanmoins, le Gohonzon contient incontestablement tous leurs bienfaits.
Chacun de ces êtres dans les dix états4, qui se sont réunis devant la Tour aux trésors de la Loi merveilleuse, exprime un aspect des fonctions de la Loi merveilleuse. Illuminés par celle-ci, ces êtres l’incarnent et « montrent les attributs de dignité qui leur sont inhérents ». (Écrits, 839) Ils expriment la richesse de la Loi merveilleuse à travers leur caractère unique. Tel est le sens de « illuminer et manifester sa véritable nature ». (cf. Écrits, 752)
Quand la lumière émise par le Soleil traverse un prisme, elle se décompose en un spectre continu de couleurs, allant du rouge au violet. Elle contient la somme de ces couleurs individuelles, et chacune d’elles en représente une partie. La lumière du Soleil contient d’innombrables nuances. Par conséquent, lorsqu’elle éclaire quelque chose, certaines de ses couleurs sont absorbées, tandis que d’autres sont réfléchies et produisent les différentes nuances que nous voyons.
La Loi merveilleuse est la source ultime de la vie, elle fait naître et englobe toute chose. Ainsi illuminée par la lumière du soleil de cette Loi merveilleuse qui inclut tout, chaque chose brille de toute la richesse de son individualité.
Nichiren explique que myo (de myoho, ou Loi merveilleuse) a trois significations : ouvrir, tout inclure et renaître. (cf. Écrits, 146) Le bienfait du Gohonzon inclut naturellement ces trois fonctions. Le Gohonzon (Nam-myoho-renge-kyo) a le pouvoir de libérer la nature de bouddha chez tous les êtres humains ; il comprend tous les bienfaits, contient toutes les potentialités, et il a le pouvoir revitalisant d’affranchir l’humanité de la misère ou de n’importe quel karma négatif. En somme, il a le pouvoir de permettre à toute chose de révéler son plus haut potentiel. C’est là un enseignement qui nous revitalise.
La Cérémonie dans les airs est un « domaine qui transcende le temps et l’espace ». Il ne s’agit pas d’un événement historique se situant à un moment et dans un espace donnés, et c’est précisément la raison pour laquelle nous pouvons y participer à n’importe quel moment, et dans n’importe quel lieu.
Lorsque nous pratiquons devant le Gohonzon, dont la composition s’inspire de la Cérémonie dans les airs, nous fusionnons avec la vie éternelle et universelle dans l’instant présent, et nous faisons apparaître un état de vie qui nous permet de sonder l’univers dans son ensemble à partir du lieu où nous nous trouvons. Notre pratique quotidienne de Gongyo et Daimoku nous permet de rejoindre la Cérémonie dans les airs éternelle, ici et maintenant. Nous faisons briller la Tour aux trésors à l’intérieur de nous, dans nos activités et notre vie quotidiennes. C’est cela, l’aspect merveilleux du Gohonzon. La vie, tel un magnifique cosmos, s’ouvre à nous, et la réalité elle-même devient un monde de création de valeur.
D’après Gosho no sekai (Le Monde du Gosho), vol. 2., publié en japonais en janvier 2004
La Sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.
- *1Cérémonie dans les airs : Une des trois assemblées décrites dans le Sûtra du Lotus au cours de laquelle tous les participants sont suspendus dans les airs, au-dessus du monde saha. Le cœur de cette cérémonie est la révélation de l’illumination originelle du Bouddha dans le très lointain passé et la transmission de l’essence du Sûtra aux bodhisattvas surgis de la Terre, qui sont menés par le bodhisattva Pratiques-Supérieures.
- *2Fusion de la réalité et de la sagesse : Fusion de la réalité, ou vérité objective, et de la sagesse subjective qui permet de s’éveiller à cette vérité, c’est-à-dire à la nature de bouddha inhérente à notre vie.
- *3Bodhisattvas surgis de la Terre : Innombrables bodhisattvas qui apparaissent dans le chapitre « Surgir de terre » du Sûtra du Lotus et auxquels Shakyamuni confie la tâche de propager la Loi, ou l’essence du Sûtra du Lotus à l’époque de la Fin de la Loi.
- *4Dix états (ou dix mondes) : Enfer, avidité, animalité, asura, humanité, bonheur temporaire, étude, éveil à la causalité, bodhisattva et bouddha. On parle aussi des dix mondes : les mondes de l’enfer, des esprits affamés, des animaux, des asura, des êtres humains, des êtres célestes, des auditeurs, des éveillés-à-la-causalité, des bodhisattvas et des bouddhas.