Partie 1 : Le bonheur. Chapitre 3
La pratique pour transformer notre état de vie [3.15]
3.15 Le changement commence par la prière
Le président Ikeda aborde la signification profonde de la prière dans le bouddhisme de Nichiren en se référant à ses écrits.
Nichiren écrit :
« Nous savons donc que les prières offertes par un pratiquant du Sûtra du Lotus recevront une réponse, aussi sûrement que l’écho répond au son, que l’ombre suit la forme, que le reflet de la lune apparaît dans l’eau claire, qu’un miroir accumule les gouttes de rosée1, qu’un aimant attire le fer, l’ambre les particules de poussière, ou qu’un clair miroir reflète la couleur d’un objet. » (Écrits, 344)
Dans ce passage, Nichiren déclare que les prières d’un pratiquant du Sûtra du Lotus reçoivent toujours une réponse. En utilisant des comparaisons avec des principes et des phénomènes naturels, Nichiren manifeste toute la force de sa conviction.
Quel que soit le lieu où les pratiquants du Sûtra du Lotus récitent Nam-myoho-renge-kyo, comme un écho répercute le son et comme une ombre suit la forme, leurs prières produiront inéluctablement des résultats positifs où qu’ils se trouvent. Nichiren enseigne que notre vie est transformée – à la fois sur le plan spirituel et physique – par la prière qui, à son tour, exerce une influence positive sur notre environnement.
La prière n’est pas quelque chose d’abstrait. De nombreuses personnes, aujourd’hui, pensent peut-être que le domaine intangible, invisible, de la vie n’est rien de plus que le produit de notre imagination. Mais si nous devions considérer les choses uniquement d’un point de vue matériel, alors nos relations avec les gens et les phénomènes sembleraient en grande partie provenir uniquement d’un chaos aléatoire. La vision pénétrante du bouddhisme perçoit cependant la Loi de la vie dans les profondeurs du chaos et la considère comme une force qui soutient et active tous les phénomènes de l’intérieur.
Nichiren écrit : « […] de même que la vie ne dépasse pas l’instant présent, le Bouddha exposa les bienfaits issus d’un seul moment de joie [à l’écoute du Sûtra du Lotus]. » (Écrits, 63) Parce que, comme le dit Nichiren, « la vie ne dépasse pas l’instant présent », nous devrions nous concentrer sur la force qui émerge de nous à chaque instant, nous appuyer sur elle et donner une direction fondamentale à notre vie. La prière – c’est-à-dire la récitation de Nam-myoho-renge-kyo – est la seule manière, pour nous, d’affronter, fondamentalement, les illusions inhérentes à la vie.
Il s’ensuit donc que la prière est la force motrice pour maintenir une pratique correcte et des actions régulières. Rien n’est plus ténu que l’action sans prière. Pour ceux qui négligent la prière, les choses peuvent sembler suivre agréablement leur cours durant un certain temps. Ils peuvent même sembler très optimistes. Mais, confrontés à l’adversité, ils ont tendance à céder au désespoir, et leur vie s’avère aussi fragile qu’un arbre desséché. Faute de maîtrise de soi, ils sont ballottés comme des feuilles au gré des eaux tumultueuses de la société.
L’ascension de la montagne de la vie ne suit pas une ligne droite. Elle est ponctuée de réussites et d’erreurs. Parfois, nous gagnons et, parfois, nous perdons. Cependant, à chaque nouveau pas accompli sur notre chemin, à chaque virage que nous négocions, nous nous développons un peu plus. Tout au long de ce processus, la prière opère comme une force puissante qui nous empêche de succomber à l’arrogance de la victoire ou au désespoir de l’échec.
C’est pourquoi nul n’est plus fort que celui qui se fonde sur la prière. Nos prières puissantes et concentrées se manifestent à travers les forces de la foi et de la pratique qui, à leur tour, activent les forces du Bouddha et de la Loi. L’acteur principal de cette pièce de théâtre est invariablement l’être humain – c’est-à-dire nous-mêmes.
La prière provoque un changement dans notre cœur, au plus profond de notre vie. Ce changement intérieur, intangible et profond, ne s’arrête pas à notre seule vie [mais inspire un changement similaire chez autrui]. De la même manière, quand tout un quartier change, ce changement ne se limite pas à ce seul quartier. À l’image d’une seule vague qui en engendre d’innombrables autres, le changement dans un environnement créera des changements en cascade dans d’autres.
J’aimerais affirmer ici que le premier pas vers un tel changement social est le changement dans le cœur d’un seul individu.
C’est là aussi que se trouve, à mon avis, la profonde signification de la déclaration de Nichiren, « La Loi bouddhique est la raison ». (Écrits, 846)
Pour revenir au passage de la lettre Sur la prière que nous étudions ici, les termes « son », « forme » et « eau claire » correspondent à notre attitude dans la prière, tandis que « écho », « ombre » et « reflet de la lune » renvoient à la manière dont les prières reçoivent naturellement une réponse. De même que ces trois analogies se réfèrent à des phénomènes qui s’accordent avec des principes naturels, il ne fait aucun doute que les prières d’un pratiquant du Sûtra du Lotus recevront, elles aussi, une réponse en accord avec la rigoureuse Loi de la vie et avec la raison.
Dans le bouddhisme de Nichiren, la prière est libre de toute arrogance et de tout mépris. L’acte même de s’asseoir devant le Gohonzon et de réciter Nam-myoho-renge-kyo reflète un esprit humble qui transcende son attachement à sa sagesse superficielle et à son expérience limitée, afin de ne faire qu’un avec la Loi de la vie et le rythme fondamental de la nature et de l’univers, qui nous furent révélés par la sagesse illuminée du Bouddha. Sans nous rabaisser nous-mêmes, nous concentrons toutes nos actions en un seul instant de vie – par notre prière déterminée –, tout en rechargeant notre vie pour la préparer à un essor illimité et éclatant. C’est là l’état de vie le plus sain et le plus satisfaisant possible.
Dans notre prière devant le Gohonzon, exprimons tous les problèmes que nous rencontrons dans la vie et lançons-nous le défi de les surmonter.
La prière est essentielle. N’oublions jamais que tout commence par la prière. Si nous devions nous éloigner de la prière et ne pas transformer concrètement notre vie, alors même les discours les plus éloquents et les arguments les plus nobles ne seraient que de vaines théories, des chimères et des illusions. La foi et l’esprit de la Soka Gakkai proviennent aussi des prières fortes et profondes que nous offrons pour affronter notre situation et nos réalités actuelles.
Dans le bouddhisme de Nichiren, la prière à elle seule ne suffit pas. Tout comme une flèche volant vers une cible contient toute la force et la puissance de l’archer qui l’a tirée, notre prière contient tous nos efforts et toutes nos actions. La prière sans action n’est que douce illusion, et l’action sans prière ne donne pas de résultats.
J’aimerais donc souligner ici qu’une prière élevée découle d’un grand sens de la responsabilité. Une prière sérieuse ne peut naître d’un comportement irresponsable ou négligent envers le travail, les activités quotidiennes et la vie elle-même. Ceux qui prennent la responsabilité de chaque domaine de leur vie et ne ménagent aucun effort dans toutes leurs actions se fonderont toujours sur la prière.
D’après une conférence sur la lettre de Nichiren Sur la prière, publiée dans le journal Seikyo, le 22 octobre 1977
La Sagesse pour créer le bonheur et la paix est une compilation des écrits de Daisaku Ikeda sur une base thématique.
- *1La vapeur d’eau se condense sur un miroir placé la nuit à l’extérieur. On croyait autrefois que le miroir tirait cette eau de la lune.